Archéologie - Pas-de-Calais le Département
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Avesnes-Lès-Bapaume, Route d'Albert, 2015, diagnostic, occupation de la Protohistoire à l’Antiquité

La société Coopérative Unéal et le Groupe Advitam prévoient la construction d’une station de semences sur la commune d’Avesnes-lès-Bapaume, route d’Albert (RD 929). Ce projet d’aménagement a conduit le Service Régional de l’Archéologie à prescrire une opération de diagnostic. Elle a été menée par le Centre départemental d’archéologie du Pas-de-Calais, du 05 au 16 octobre 2015. Dix tranchées linéaires et neuf extensions ont été réalisées, représentant une surface totale d’ouverture de 9 241 mètres carrés pour une superficie de 70 510 mètres carrés, soit 13,1% de la zone diagnostiquée.

Un grand nombre de structures rencontrées sur ce site a permis, par datation de la céramique associée, d’identifier trois périodes chronologiques, réparties en six phases. Les indices d’occupations sont de nature assez variée que ce soit en terme de structures (fossés, fosses, bâtiment sur poteaux, chemin, bâtiment en craie, sépulture à crémation) ou par la diversité du mobilier rencontré (céramique, faune, verre, fibule, bague, monnaie).

Le secteur nord-nord-est correspond à la première période d’occupation rattachable à la Protohistoire. Elle est caractérisée par la présence d’un habitat ouvert puis d’un habitat fermé plus au nord. L’installation laténienne se traduit par des aménagements domestiques enclos.
A l’intérieur, des structures simples, des fosses, des fossés et un bâtiment sur poteaux sont présents. Sondé, cet enclos révèle une conservation moyenne de 1,90 mètre de profondeur. Le mobilier associé se compose essentiellement de tessons céramique et atteste de quelques formes produites et utilisées à la Tène finale. Ce mobilier abondant est caractéristique de la céramique à vocation domestique.
La continuité du site ne peut être assurée, dans l’état actuel des données. Ces occupations couvrent une superficie d’environ 2,5 hectares. La difficulté de lecture du terrain pour les phases les plus anciennes nous oblige à rester prudents, notamment pour les vestiges annoncés de l’âge du Bronze, où il s’agit généralement d’habitat assez étendu. Un décapage extensif, avec une fouille fine pourrait permettre de mieux appréhender le site à la Protohistoire.

La deuxième période est attribuée à l’Antiquité. Le Haut-Empire est représenté par un espace structuré par un réseau fossoyé mais surtout par un chemin orienté nord-ouest / sud-est, qui longe un bâtiment en craie damée, de grande taille, et qui semble déboucher sur l’emplacement supposé de la voie romaine Amiens-Cambrai. Des sépultures à crémation et trois dépôts de céramiques isolés ont été découvertes sur ce chemin qui semble présent sur le site dès La Tène finale. Cette longue utilisation est confirmée par la diversité des objets rencontrés le long de son trajet [céramique et fibule (second âge du Fer) ; céramique, verre, sesterces, faune (Haut-Empire) ; céramique, verre, antoniniens, faune (Bas-Empire)]. L’aménagement à l’intérieur de cet enclos est constitué d’un ensemble de fosses en amont du bâtiment pouvant s’apparenter à une zone de stockage. Dans le cadre du diagnostic, il n’a pas été vu de relation directe pouvant lier la zone de l’habitat et celle de stockage. Des niveaux en stabilisation datés du Bas-Empire et quelques fosses sont les témoins d’une continuité de l’occupation avant sa phase d’abandon. Il demeure délicat de juger, à ce jour, si nous sommes en présence d’un établissement rural qui précède la villa ou d’un état encore modeste de cette dernière.

La troisième et dernière période apparaît sur le site après un hiatus chronologique très important. Elle est caractéristique de l’époque contemporaine. Un chemin du 19ème siècle traverse la parcelle dans sa partie orientale, selon un axe nord-ouest / sud-est. Si ce n’est qu’il suit l’orientation du parcellaire préexistant, il n’a livré aucun mobilier. Le reste des vestiges est à attribuer à la Première Guerre mondiale. En effet, la présence de nombreux impacts d’obus datant de ce conflit ont été découverts sur l’ensemble de l’emprise. La partie occidentale présente, en plus, des constructions en dur et des aménagements secondaires (fosses dépotoirs). La conséquence de ces impacts est une destruction du sous-sol et des vestiges qu’il renfermait.

Cette opération a permis de prendre la mesure non seulement de l’état de conservation du site mais également de sa complexité. Il n’est pas possible de savoir, en l’état actuel des données, si le site a été occupé en continu depuis la Protohistoire ancienne jusqu’au 4ème siècle après Jésus Christ. Néanmoins, aucune rupture dans l’occupation n’a été observée lors de l’intervention. De plus, la répartition des vestiges par périodes est assez cohérente pour définir une fréquence de l’occupation humaine sur plusieurs siècles à Avesnes-lès-Bapaume. Une vision plus large du site permettrait d’appréhender l’ampleur et la nature des différentes phases d’organisation de l’espace ainsi que le nombre et le type de bâtiment.

Ce projet de construction par la Société Unéal et le Groupe Advitam offre une opportunité d’approfondir et de compléter les données sur ce type d’établissement rural atrébate, en périphérie du territoire des Nerviens et plus largement de connaître les influences entre ces deux cités.

Diagnostic à Avesnes les Bapaume

Référence du rapport

Laetitia DALMAU (Dir.), Elisabeth AFONSO-LOPES, Murielle MEURISSE-FORT, Avesnes-lès-Bapaume, (Pas-de-Calais), Route d’Albert. Rapport final d’opération de diagnostic, éd. Centre départemental d’archéologie du Pas‑de‑Calais, Dainville, 2015, 262 p., 116 fig.