Archéologie - Pas-de-Calais le Département
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Lécluse, Le Pont des Vaches, 2015, fouille préventive

Le projet de creusement de bassins de décantation des boues de curage de la Marche Navire a conduit à la prescription d’un diagnostic sur 47 000 m² à Lécluse, au lieu-dit « Le Pont des Vaches » mené en 2013 par S. Venet (CAD-Dap). L’emprise est située au nord-ouest de la commune, dans la plaine alluviale de la Sensée, un secteur particulièrement propice aux installations anciennes et notamment néolithiques.

La fouille, réalisée sur une surface de 8 500 m², a permis de mettre au jour des outils caractéristiques du Paléolithique supérieur et du Néolithique dans un horizon peu dilaté, sans structure ou niveau de sol associé. C’est à partir de la période gallo-romaine que le secteur devient relativement propice à une occupation humaine. En effet, scellant les artefacts paléolithiques et néolithiques, un niveau organique daté par radiocarbone entre 131 et 326 après Jésus-Christ se met en place. S’inscrivant dans ce niveau, l’occupation antique se caractérise par le creusement de fossés de parcellaire drainants. Par contre, aucune structure domestique n’a été mise en évidence, indiquant l’absence d’habitat ou d’activités artisanales à cet endroit. Les fossés sont recouverts par un épais remblai de nivellement, lui-même surmonté par un niveau de tourbe daté par radiocarbone entre 346 et 535 après Jésus-Christ. Les débuts de la période médiévale sont marqués par une interstratification de lits carbonatés et organiques, caractéristique d’une alternance d’épisodes d’inondation et d’assèchement de la plaine alluviale. Une datation réalisée sur le dernier niveau organique observé le place entre 689 et 882 après Jésus-Christ. D’importants travaux de canalisation de la Satis ont été initiés au 10ᵉ siècle en vue d’alimenter en eau la ville de Douai. A Lécluse, la construction d’une chaussée-digue impliqua l’inondation d’une partie de la vallée de la Sensée, dont le secteur de fouille. Les niveaux liés à cette profonde modification anthropique du paysage restent pourtant difficilement identifiables en stratigraphie. Les aménagements hydrauliques se sont poursuivis jusque dans les années 1950-1960 en vue cette fois d’assécher progressivement la vallée. Le cours de la Sensée est définitivement détourné dans celui-ci de la Marche Navire, l’un de ses affluents. Les déblais liés aux différents terrassements  ont sans doute été répandus à proximité. L’emprise de la fouille est située au cœur de ces derniers travaux, étant bordée au nord par la Marche Navire et au sud par la Sensée. Les remblais sommitaux identifiés sur le terrain pourraient en être la marque et une érosion des niveaux sous-jacents n’est pas à exclure.

vue aérienne de l'emprise fouillee

Référence du rapport

PANLOUPS (E.) dir, DEWITTE (O.), HERBIN (P.), LECHER (E.), MEURISSE-FORT (M.), PILARD (V.),

Lécluse, «Le Pont des Vaches», Le Pont des vaches,

Rapport final d'opération de fouille préventive, édition Direction de l'Archéologie du Pas-de-Calais, Dainville, 2018, 295 pages, 135 figures.