Archéologie - Pas-de-Calais le Département
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Saint-Omer, Conservatoire, place Saint Jean, 2013, fouille, église paroissiale Saint-Jean

Les fouilles du Conservatoire

La communauté d’Agglomération de Saint-Omer prévoit d’agrandir, Place Saint-Jean à Saint-Omer, le conservatoire de musique sur 500 mètres carrés. L’importance des travaux d’aménagement envisagés qui sont localisés dans un environnement archéologique riche (le projet se situe dans le cœur historique de la ville, à l’emplacement de l’église paroissiale Saint-Jean et de son cimetière) a conduit le Service Régional de l’Archéologie à prescrire une opération de fouille archéologique. Cette dernière a été réalisée par le Centre Départemental d’Archéologie du 25 février au 31 mai 2013.

La fouille préventive de l’église paroissiale de Saint-Jean à Saint-Omer a concerné une partie du collatéral sud de l’édifice, le cimetière paroissial et son environnement sur 500 mètres carrés. La fouille a été limitée au premier mètre de la stratigraphie, côte fixée par le Service Régional de l’Archéologie correspondant au fond de forme du futur aménagement. Il s’agit sans doute de l’une des églises les plus mal documentées de Saint-Omer. La fondation de l’église, une chapelle à l’origine, remonterait au 10ème siècle, au moment de la fortification par Baudouin 2, Comte de Flandre du bourg.

Localisée sur une butte occupée par un verger planté par l’abbaye, elle est détruite lors d’un incendie qui ravage le secteur en 1152. Reconstruite immédiatement après sa destruction, elle est érigée en église paroissiale en 1154. Après la révolution, elle sert de magasin avant d’être vendue avec le cimetière en 1792 et entièrement détruite. En 1830, la Société Philarmonique de Saint-Omer construit à l’emplacement de l’édifice religieux le conservatoire qui est actuellement l’objet d’un projet d’extension.

La fouille à l’intérieur de l’église a mis au jour le long du mur sud du collatéral les sols primitifs de la seconde moitié du 12ème siècle et quelques aménagements ; les élévations comme les fondations de l’édifice ont été totalement détruites après la révolution. Le sol d’origine, constitué de craie damée soigneusement réchappée durant une courte période, a rapidement disparu vers la fin du Moyen Âge sous des apports réguliers de remblais qui ont rehaussés sur plus de 0,50 mètre le niveau de circulation primitif de l’église. La terre battue comme le pavage en carreaux de 5 centimètres de côté ont été indifféremment employés pour les nouveaux sols du collatéral. Les quelques sépultures observées ont été installées principalement à l’extrémité orientale du collatéral, probablement à l’intérieur d’une chapelle qui comportait un autel adossé au mur (seule la base a été retrouvée). L’une d’elles, datée du 13ème siècle, revêt un caractère particulier puisqu’elle était signalée par une plate-tombe en céramique dont il subsistait uniquement le lit de pose.

A l’extérieur de l’église, côté sud, un chemin, large de 3 mètres et constitué d’un radier de rognons de silex surmonté d’un sol en craie, a été aménagé dès le 13ème siècle à 2 mètres de l’édifice religieux. Ce chemin était bordé au sud par un large fossé (plus de 5 mètres) qui délimite sans doute à l’origine l’enclos paroissial. Alors que le chemin est conservé et régulièrement entretenu avec la pose de remblais de chaussée, le fossé est comblé et disparait totalement du paysage urbain vers la fin du Moyen Âge. Entre le chemin et l’église, ainsi qu’à l’arrière du collatéral, l’espace est très tôt investi par le cimetière paroissial.

En totalité, une centaine de sépulture, datées entre la fin du Moyen Âge et l’époque moderne, ont été mises au jour lors de l’opération de fouille. Elles correspondent aux phases tardives de l’usage du cimetière dont le diagnostic de 2011 avait révélé un développement stratigraphique de plus de 2 mètres, équivalent à près de 500 tombes sur le secteur ouvert. Ces sépultures ont été installées à l’intérieur d’espaces privilégiés, matérialisés par des murets et probablement des calvaires ancrées dans des fosses de fondations. Les individus, adultes comme enfants, ont été enveloppés dans des linceuls puis déposés dans des cercueils en bois cloués de forme rectangulaire ou trapézoïdale. Le nombre réduit d’individus exhumés n’a pas permis de réaliser une étude anthropologique représentative de la population de la paroisse. Toutefois, quelques tendances ont pu être observées pour la période moderne concernant les pratiques funéraires. Les enfants ont été principalement ensevelis le long de l’église et devant un calcaire installé en retrait de la façade.

De même, des femmes et des enfants ont été regroupés sur un secteur limité à l’arrière du collatéral sud.
La fouille qui portait sur une partie de l’église ainsi que sur les phases tardives du cimetière paroissial, a néanmoins permis d’étudier un cas de structuration de l’aire funéraire et son intégration dans l’espace urbain. L’étude des sols de l’église à l’intérieur du collatéral a également contribué à dater la construction de l’édifice religieux et d’observer partiellement ses installations.

Vue aérienne du site.

Références du rapport

Willot (J.M.) (dir.), Merkenbreack (V.), Delobel (D.), Agostini (H.), Dalmau (L.), Delage (M.) avec la participation de Louiso (I.),

Saint-Omer, Conservatoire, place Saint-Jean.

Tome 1 : les données administratives et les résultats.

Rapport final d’Opération de fouilles, édition Centre départemental d’Archéologie du Pas-de-Calais, Dainville, 2015, 338 pages,221 figures.

Willot (J.M.) (dir.), Merkenbreack (V.), Delobel (D.), Agostini (H.), Delage (M.), Dalmau (L.), avec la participation de Louiso (I.),

Saint-Omer, Conservatoire, place Saint-Jean.

Tome 2 : les annexes et les inventaires.

Rapport final d’Opération de fouilles, édition Centre départemental d’Archéologie du Pas-de-Calais, Dainville, 2015, 503 pages, 112 figures.