Archéologie - Pas-de-Calais le Département
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Saint-Tricat ,RD 304, 2010, fouille préventive, habitats ruraux de l'âge du bronze et de l'âge du fer

En amont du projet de construction de la route RD 304, dite la pénétrante sud-ouest de Calais, reliant la commune de Guînes à Calais en longeant la ligne TGV Nord, un diagnostic archéologique a été mené par le Centre archéologique du Pas-de-Calais en mars-avril 2009. Sur les 4 km traversant les communes de Hames-Boucres, Saint-Tricat et Nielles-lès-Calais, une zone riche en structures protohistoriques a été circonscrite. La surface prescrite s’étend sur 400 mètres de long et 30 mètres de large sur un plateau dominant à 39 mètres NGF, à la jonction de l’extrémité ouest de la plaine maritime flamande et les contreforts du Boulonnais. L’opération de fouille s’est déroulée du 31 mai au 25 juin 2010 sur une emprise de 1.04 hectare, où trois phases d’occupation ont été distinguées.

Fouille d'une fosse

Une première occupation à la transition entre la fin de l’âge du Bronze et le début de la période hallstattienne a été mise en évidence par la présence d’un fossé et de onze fosses dans la moitié sud de l’emprise. En l’absence de traces d’architecture de bâtiments, la vocation d’habitat est attestée par le caractère domestique des rejets et la présence d’éléments de torchis avec empreintes de clayonnage. Le fossé marque la limite septentrionale de l’espace occupé. La répartition spatiale montre un groupement lâche de fosses espacées entre elles de 4 à 30 mètres. L’analyse spatiale et l’étude de la céramique montrent des similarités avec les corpus régionaux. Les influences continentales sont perceptibles par comparaison avec les sites contemporains et par l’analyse typologique de la céramique. En revanche, l’utilisation exclusive du dégraissant au silex et la position littorale du site amène à s’interroger sur les probables relations transmanches.

Le site est inoccupé durant huit à neuf siècles, c’est de nouveau un site d’habitat de type rural à enclos qui va s’étendre sur la partie la plus haute du site. Le système fossoyé englobe une surface de 2 400 m2, a considéré comme un minimum. Une interruption dans le fossé sud, suggère la présence d’un passage : entrée principale de l’habitat ? Deux bâtiments ont été identifiés à l’intérieur de l’enclos, un grenier sur six poteaux de 9 m2 et un second bâtiment hypothétique de cinq poteaux reconnus avec un plan plutôt trapézoïdal de 28 m2. Les restes d’artefact sont très ténus, la céramique date l’occupation de La Tène finale. Les scories de fer attestent d’une activité probablement de forge. La vocation du site gaulois n’est pas caractérisable : élevage, agriculture les deux à la fois ? La solution se situe potentiellement dans les parcelles limitrophes.

La troisième occupation, une tranchée de la Première guerre mondiale a été une surprise à cet endroit. En effet, à l’époque des événements Calais et ses environs se situent loin du front des batailles. Les britanniques y implantent une importante base arrière pour ses troupes. La présence de cette infrastructure pourrait être liée à la nécessité d’entrainement les soldats peu expérimentés à la guerre de tranchées.

Depuis les années 1980, la construction de la ligne TGV (Paris-Calais), la construction du tunnel sous la Manche et de l’autoroute A16, les observations archéologiques et les fouilles n’ont cessé de montrer l’ancienneté de l’occupation du littoral et de son arrière pays. Les fouilles pour la départementale 304 à Saint-Tricat complètent cette histoire multiséculaire.

Vue aérrien de la fouille

Référence du rapport

Masse et al. 2011 : MASSE (A.), PANLOUPS (E.), TACHET (N.), MEURISSE-FORT (M.), LACHAUD (C.), GUIDI-RONTANI (G.)

Saint-Tricat, RD 304 (Pas-de-Calais).

Rapport final d’Opération de fouilles. Dainville : Centre départemental d'archéologie, 2011. 173 pages, 99 figures.