La céramique est omniprésente dans les sites archéologiques. Elle est plus résistante et mieux conservée que d’autres objets anciens comme le métal. La céramique est utilisée pour dater les sites. Elle est un très bon indicateur des relations commerciales. Les échanges ont été très importants durant l’Antiquité, entre les ateliers de Gaule et les autres régions de l’Empire romain.
- La fabrication des céramiques antiques
- Une production vendue localement
- La céramique sigillée : l’exemple du commerce lointain
- Des céramiques d’Italie à Marquise
La fabrication des céramiques antiques
La céramique tournée ou moulée
La fabrication d’une céramique nécessite des matériaux de base : de l’argile, de l’eau et du bois. Le potier travaille dans un atelier généralement proche des lieux d’approvisionnement. L’argile extraite d’une carrière est lavée puis foulée aux pieds. Elle est mise dans un bassin de décantation afin d’éliminer les impuretés. L’argile devient fine et pure, prête à être façonnée.
À l’époque romaine, le façonnage du pot est réalisé par tournage ou par moulage. La combinaison des deux techniques est également possible. Le moule permet une production à grande échelle tandis que l’utilisation du tour permet de réaliser des formes fermées comme des cruches. Ensuite, le potier la reprend autour pour réaliser la partie haute, le bord, et la partie basse, le fond. Pour finir, la céramique est engobée. L'usage du moule combiné avec l'usage du tour de potier permet une fabrication de céramique en de très nombreux exemplaires.
La céramique sigillée
La céramique sigillée, vaisselle de table typique de la période romaine se caractérise par une pâte claire, une patine rouge et souvent un décor. Elle est d’abord moulée pour lui donner une forme générale et un éventuel décor. Celui-ci est imprimé en relief sur la paroi extérieure ou intérieure du pot. Les parties annexes telles que goulots, anses, etc., sont exécutées à part et fixées à cru, à la barbotine (argile délayée). Les décors rencontrés peuvent être des motifs géométriques, végétaux ou floraux ou bien des scènes mythologiques, de cirque ou de chasse. Des décors en creux peuvent être réalisés au poinçon. La céramique sigillée a longtemps été considérée à tort comme une vaisselle de luxe. Il s’agit simplement d’une vaisselle de table de la vie de tous les jours, peu chère. Durant l’Antiquité, la vaisselle de luxe est la vaisselle en or, argent ou en bronze.
La cuisson
À ce stade, le pot entier est mis à sécher puis peut partir à la cuisson. L’étape de la cuisson est une étape extrêmement délicate. La production ne doit pas être trop cuite. Il existe deux types de cuisson qui donnent des couleurs différentes. Dans un four où l’atmosphère est en déficit d’oxygène, il y aura la présence de magnétite, de couleur noire. La céramique dite "terra nigra" prend ainsi une couleur grise à noire. C’est la cuisson réductrice.
Dans un four où l’atmosphère est en excès d’oxygène il y a la présence quasi exclusive d’hématite de couleur rouge parmi les oxydes de fer de la pâte de la céramique. La céramique prend alors une couleur orangée à rouge. C’est la cuisson oxydante. Dans ce cas, les céramiques ne doivent pas être mises en contact avec les flammes, fumées et gaz de combustion sinon elles prennent un aspect noirâtre.
La phase de refroidissement du pot doit également être lente pour éviter l’éclatement de la céramique.
Le saviez-vous ?
Le mot "céramique" vient du grec ancien kéramos, qui signifie "terre à potier", "argile". Il a donné son nom à un quartier d'Athènes, le Céramique.
Une production vendue localement
La production d’un atelier alimente en tout premier lieu le marché local. Sur la commune de Ruitz, la fouille d’un temple gallo-romain a mis au jour de la céramique. L’étude approfondie de ces céramiques par les archéologues a permis d’observer qu’elle provient d’ateliers locaux de Labuissière situé à 2 km du site de Ruitz. Ruitz s’inscrit dans un territoire dynamique parle rayonnement de l’important centre de production de céramiques voisin.
La céramique sigillée : l’exemple du commerce lointain
La diffusion de la production céramique de certains ateliers se fait dans tout l’Empire romain, on parle alors de commerce lointain. Le meilleur exemple est la céramique sigillée, considérée comme la vaisselle de table par excellence du monde romain. La première production de céramique sigillée apparaît en Italie au Ier siècle avant JC : sigillée italique. La sigillée connait un succès commercial sans précédent et une diffusion jusqu'alors inégalée en Occident. La conquête romaine de César, et la présence de légions romaines en Gaule a entraîné l’émergence rapide d’un important marché pour des biens de consommation romains. L’adoption de cette céramique sigillée par la population locale de la Gaule entraîne l’apparition de centres de production de sigillée en Gaule.
Les centres de productions les plus connus sont :
- en Gaule du sud : Lyon, la Graufesenque et Banassac
- en Gaule du Centre : Lezoux, Martres-de-Veyre et Toulon-sur-Allier
- en Gaule de l’Est : Rheinzabern et Argonne
Cette diffusion est facilitée grâce au réseau très développé des voies romaines terrestres, fluviales ou maritimes.
Le saviez-vous ?
Les provinces hispaniques ont aussi connu une production de céramique sigillée importante. Le centre de production le plus important se nomme Tritium Magalum. Il a connu une expansion importante à partir du règne de Vespasien (69 à 79 après JC).
Des céramiques d’Italie à Marquise
À Marquise, la fouille réalisée avant la construction du centre communautaire a mis au jour 3 incinérations du 1er quart du Ier siècle après JC. Dans la sépulture, le défunt incinéré était accompagné d'offrandes composées d’une riche vaisselle en céramique et en bronze. Dans une des sépultures, le dépôt céramique est composé de trois assiettes, deux coupes et un pot, auxquels s’ajoute un balsamaire en verre contenant des onguents ou du parfum. Dans une autre sépulture, le mobilier céramique est constitué de trois assiettes, cinq coupes et un pot, 7 sont en céramique sigillée.
L’étude de la pâte de la céramique, par les archéologues, permet de définir l’origine géographique des céramiques. L’observation macroscopique d’un petit fragment de céramique, à l’aide de la loupe binoculaire permet d’identifier les dégraissants utilisés. Leur couleur, leur taille et leur densité sont des indicateurs précis. Ils permettent de définir des groupes de pâtes qui présentent des caractères minéralogiques communs et de les rattacher à des régions de productions, voire à des ateliers de potiers connus. À Marquise, la céramique sigillée provient des ateliers d’Arezzo et de Pise en Italie et de Lyon en Gaule.
Ces céramiques sigillées portent la signature du potier : l’estampille réalisée au poinçon sur le fond de la céramique. Il existe des catalogues qui offrent les informations fondamentales sur les ateliers, les potiers, la diffusion et la chronologie de ces productions signées. Les estampilles du potier lyonnais Cnaivs Atillivs et de son apprenti Flos, de Rasinivs d’Arezzo et de Xanthus de Pise en Italie ont été retrouvées sur les sigillées de Marquise.
Le saviez-vous ?
En ce qui concerne la céramique sigillée, on connaît environ 2600 signatures de potiers.
Les deux sépultures de Marquise représentent un ensemble important et original pour le Nord dela Gaule. Cette découverte témoigne pleinement des échanges et du commerce à grande échelle, ici de l’Italie versla province romaine de la Gaule du Nord et à moyenne échelle, de Lyon à Marquise, du Sud vers le nord de la Gaule.