Le Département du Pas-de-Calais a entrepris le projet de déviation de la RD 301 au niveau des communes d’Houdain, Rebreuve-Ranchicourt et Maisnil-Lès-Ruitz. Sur la base des prescriptions de l’État, une équipe d’archéologues de la Direction de l'Archéologie est intervenue de septembre à octobre 2014 pour fouiller une occupation de la fin du Néolithique (entre - 2900 et - 2500 ans).
De la construction des fondations …
Durant la première moitié du 3ième millénaire avant notre ère, les habitants ont bâti trois bâtiments successifs, qui témoignent d’une occupation sur le long terme. Ces trois édifices n’ont en effet pas pu fonctionner ensemble, car deux d’entre eux se chevauchent et les deux plus grands sont trop proches l’un de l’autre pour avoir coexisté.
Les archéologues fouillent les fondations des bâtiments par sondages de manière à documenter le plus précisément possible l’empreinte des aménagements architecturaux conservés dans le sol.
Les deux plus grands bâtiments mesurent entre 18 m et 20 m de long pour 5,50 m de large, soit près de 100 m² de superficie. À l’intérieur, les archéologues ont mis au jour les traces des poteaux faîtiers et intermédiaires destinés à soutenir la charpente. Des tranchées de fondation matérialisent l’emplacement des murs de façade. L’ossature des murs est constituée de poteaux régulièrement espacés et d’une architecture alliant terre crue et bois.
Les fondations des deux grands bâtiments ont été entièrement fouillées. Les poteaux faîtiers et intermédiaires ainsi que la tranchée de fondation des murs sont très visibles.
… à la restitution de l’élévation
Seules les fondations des bâtiments livrent des informations aux archéologues pour comprendre les techniques architecturales. L’étude des matériaux d'origine végétale qui y sont découverts est précieuse. Elle permet d’identifier les essences de bois sélectionnées pour les poteaux, la manière dont est préparée et agencée la terre qui a servi à l’édification des murs et la nature des végétaux employés pour la toiture.
Certaines disciplines connexes de l’archéologie permettent de compléter les observations de terrain. À Rebreuve-Ranchicourt une analyse micromorphologique a été mise en place.
Les micromorphologues prélèvent des blocs de sédiments qui, transformés en lames minces, seront analysés au microscope et permettront de déterminer certains aspects architecturaux non visibles à l’œil nu (présence de poutre au sol, planches, etc.).
Ainsi, le bilan des différentes études menées sur le site et en laboratoire permettra de proposer une restitution en élévation des bâtiments.
Cette évocation d’un bâtiment néolithique en élévation n’est pas celle des constructions de Rebreuve-Ranchicourt, mais montre l’aboutissement recherché des études en cours sur le site.
La vie quotidienne à l’intérieur des bâtiments
Ces constructions étaient-elles des maisons ? Quelles activités artisanales étaient pratiquées et comment s’organisaient-elles à l’intérieur des bâtiments ? Où étaient stockées les récoltes ?
Différents vestiges de la vie quotidienne, comme des fragments de vases de stockage et de vaisselle en céramique permettent de répondre à ces questions. Des microdenticulés en silex, ainsi nommés en raison des nombreuses petites encoches aménagées sur leur bord, ont été retrouvés en grande quantité. Leur utilisation semble liée au travail des fibres végétales. Ils présentent de petites encoches sur leur bord.
Les archéologues ont aussi découvert des fusaïoles et des pesons de terre cuite liés à l’artisanat textile, couramment pratiqué à la fin du Néolithique. Utilisées dans le filage, les fusaïoles sont de petites rondelles servant de poids pour entraîner le fuseau et faciliter la fabrication du fil à partir de végétaux.
La présence de pesons atteste indirectement de l’activité de tissage, même si les métiers à tisser en bois ne nous sont pas parvenus. Ils servent à tendre les fils verticaux de la trame du tissu.