Le Conseil général du Pas-de Calais projette, dans le cadre de la réhabilitation du Château d’Hardelot, des travaux à l’extérieur de la fortification, côté ouest sur près de 13500 mètres carrés. Ce projet prévoit l’aménagement d’un jardin anglais à l’emplacement du glacis et le curage partiel des fossés.
La nature des travaux (les plantations, des dessouchages et le curage partiel des fossés) risquant d’affecter le sous-sol archéologique, le Service régional de l’Archéologie a prescrit une opération de diagnostic archéologique et a désigné le Centre Départemental d’Archéologie pour conduire l’opération. Celle-ci s’est déroulée du 09 au 12 juillet 2013, sous la responsabilité de Jean-Michel Willot.
Le diagnostic a permis d’observer dans le détail les vestiges du système défensif extérieur du château d’Hardelot. Les principales structures, les fossés et le glacis, parfaitement conservés, apparaissent entre 0,20 mètres et 0,50 mètres sous la terre végétale. La mise en défense du château repose sur deux fossés circulaires, profonds de 1,50 mètres au maximum et larges de 20 mètres à 30 mètres, séparés par un glacis large de 15 à 20 mètres, formant une ceinture défensive d’une largeur de plus de 60 mètres. Aucun élément complémentaire (palissade ou talus) n’est venu renforcer ces installations.
Outre la dimension de cette couronne à double fossés, l’eau constituait donc le principal élément dissuasif de l’aménagement. En l’absence de mobilier, il demeure difficile de dater précisément les structures ou leur évolution. Toutefois, il est probable que leur mise en place soit contemporaine de la phase de construction du site castral en pierre (début du 13ième siècle). Des matériaux de construction (tuiles et fragments de calcaire) ont notamment été retrouvés dans les remblais du glacis. Au cours de leur usage, les fossés ont été à plusieurs reprises colmatés suite à l’érosion du terrain et de leur paroi. Seul le fossé intérieur semble avoir été l’objet d’un entretien jusqu’à une période récente.
Au 19ième siècle, il ne devait subsister qu’une dépression inondée durant une partie de l’année. Le fossé est devenu localement un dépotoir pour les occupants du château, notamment lorsque John Hare en était le propriétaire : de la faïence d’importation anglaise de la manufacture de la compagnie Jonas Defries and Sons (1800-1900), réputée notamment pour ses pièces de qualité ou ses productions japonisantes destinées à une clientèle aisée a été retrouvée en quantité dans le fossé au pied de la courtine.
Référence du rapport
Willot (J.-M.) dir., Meurisse-Fort (M.),
Condette,Château d’Hardelot, Rapport final d’Opération de diagnostic, édition Centre départemental d’Archéologie du Pas-de-Calais, Dainville, 2013, 73 pages, 25 figures.