De mai à août 2009 le Centre départemental d’Archéologie est intervenu au profit de la société Mac Cain implantée au nord de la commune de Harnes au lieu dit "La Motte du Bois" (Pas-de-Calais). Le diagnostic réalisé un an plus tôt par l’INRAP (responsable d’opération B. Leriche) avait abouti à la prescription d’une zone de près de 2 hectares. L’opération de fouille a été réalisée sur 1 hectare 3, les 7000 m2 restants n’étant pas aménagés pour le moment. C’est près de 500 structures qui ont été dégagées mais seuls 34 % ont été rattachés à l’une des ces périodes : Néolithique, Âge du fer, Bas et Haut Empire ou moderne. L’étude géoarchéologique a démontré une occupation en position de versant isolée de l’activité alluviale de la Deûle située à 500 mètres au Nord. La pédogénèse, notamment l’activité de colluvionnement a probablement été à l’origine de la disparition de certains niveaux archéologiques qui peut expliquer la discontinuité de l’occupation.
De ce phénomène résulte une vision très partielle de l’occupation du Néolithique. Elle est décelable grâce à la présence dans des structures plus récentes, d’outils en silex dont les caractéristiques morphologiques renvoient aux grandes phases du Néolithique. La découverte d’un tronc de chêne daté du 5ième millénaire avant JC. offre un point de datation précis pour le Néolithique ancien. De la même façon, une occupation attribuable sans trop de précision au début de la protohistoire est pressentie.
L’espace commence à se structurer au début de la période laténienne avec l’implantation de gaulois sur le point le plus élevé du terrain. Ils construisent des structures de stockage et probablement des maisons qui n’ont pu être clairement mises en évidence. Les quelques fossés supposément de cette période montre une organisation en petite parcelle. Cette occupation est datable par la céramique de la seconde moitié du 5ième siècle avant JC.
Avant que les premières traces d’une occupation gallo-romaine apparaissent, cinq siècles s’écoulent. Les nouveaux arrivants construisent sur le niveau le plus bas du site offrant un espace plus grand et plus plat. Le premier état de l’installation (seconde moitié premier et 2ième siècle avant JC) pose les lignes directrices de l’organisation qui est liée à une activité rurale. Les bâtiments excavés sont une particularité de l’architecture de cette occupation romaine. Ce concept est encore mal connu dans la région Nord-Pas de Calais. Le deuxième état (seconde moitié IIe et IIIe s. av. JC) est marqué par la continuité de l’utilisation des mêmes espaces mais délimités par un fossé quadrangulaire imposant (130 mètres sur 113 mètres estimé, pour une largeur de 3 mètres et une profondeur de 1 mètre à 1 mètre 20).
La découverte de deux passoires en alliages cuivreux dans les structures et d’un dépôt de trois pièces en bronze étamé (plat, coupelle, passoire) provenant peut-être d’un atelier de Gaule voir d’Italie. Cette vaisselle souligne le bon niveau social de leur propriétaire mais découverte dans le comblement des structures elle marque le début de l’abandon du site dans le courant du IIIe siècle après JC, période agitée de l’histoire de la Gaule septentrionale.
Ensuite, durant treize siècles l’homme a déserté cette zone. La réappropriation des lieux se fait au 16ième siècle avec le creusement d’un système fossoyé à vocation probablement d’assainissement lié peut-être à un épisode très humide et à une mise en culture des parcelles.
La surface d’1hectare 3 prospectée a mis en exergue une occupation dense et multi séculaire et a livré les premiers indices d’une occupation gauloise ancienne et a renouvelé les connaissances sur l’organisation et les modes d’occupation à la période gallo-romaine sur la commune de Harnes.
Référence du rapport
Masse et al. 2010 : MASSE (A.), DALMAU (L.), MEURISSE-FORT (M.), LEROY (S.), CHOMBART (J.), PATOURET (J.) Harnes,
"La motte du Bois", parc d'entreprises de La Motte du Bois.
Rapport final d'opération de fouille. Dainville : Centre départemental d'Archéologie du Pas-de-Calais, 2010. 380 pages, 170 figures.