Le projet de déviation d’Houdain (RD 301) a motivé la réalisation d’un diagnostic sur les communes d’Houdain, Rebreuve-Ranchicourt et Maisnil-lès-Ruitz à la fin de l’année 2011. S’étendant sur une surface de 51 300 m², cette intervention a mis en évidence les vestiges d’un bâtiment de la fin du Néolithique et trois occupations antiques (RO J. Maniez).
En 2014, le Centre départemental d’archéologie du Pas-de-Calais est intervenu à deux reprises pour la fouille des vestiges gallo-romains en début d’année sur la commune d’Houdain (RO J. Maniez) et de l’occupation néolithique au mois de septembre et octobre sur les communes de Rebreuve-Ranchicourt et Maisnil-lès-Ruitz. Ce site est en position de versant exposé au nord. Les structures archéologiques s’ouvrent dans un horizon limoneux très faiblement conservé ou directement dans les altérites à silex. La fouille a concerné une emprise de 5 800 m², définissant un périmètre large autour du bâtiment découvert au diagnostic.
Le site connaît deux phases d’installations principales : à la fin du Néolithique et au Haut-Empire. La zone antique se situe dans la partie est de l’emprise décapée avec une organisation structurée de l’espace funéraire le long d’un réseau parcellaire. Les cinq sépultures à crémation sont globalement très arasées. Certaines d’entre elles sont maçonnées par un coffrage de moellons de calcaire et de grès. Il est également probable que certaines tombes aient été pillées, même si l’érosion importante de ces structures limite parfois nos observations. Le mobilier céramique associé au système fossoyé et aux structures funéraires permet d’envisager une occupation entre la première moitié du Iᵉʳ s. ap. J.-C. et le début du IIe s. ap. J.-C.
L’occupation de la fin du Néolithique regroupe trois bâtiments diachroniques, auxquels deux fosses peuvent potentiellement être rattachées. Les trois constructions sont orientées nord-ouest / sud-est et présentent des plans allongés, à extrémités rectangulaire à l’est et arrondie à l’ouest. Le bâtiment septentrional (bât. 200) mesure en surface interne 18,50 m de long sur 5,50 m de large. L’édifice situé directement au sud du bâtiment 200 présente des dimensions très semblables de 18 m sur 5,20 m (bât. 700). Les bâtiments 200 et 700 sont trop proches pour avoir fonctionné de manière synchrone et pourraient marquer une étape de reconstruction de l’édifice. Une dernière construction (bât. 1000) plus petite et mesurant 11,50 m sur 5,50 m est recoupée par le bâtiment 700. Les techniques de construction présentent des similitudes générales, avec des parois établies sur une tranchée de fondation continue, jalonnée de poteaux régulièrement implantés. Le bâtiment 200 est pourvu d’une entrée axiale et latérale. Le bâtiment 700 est arasé et son parcours a été partiellement érodé par plusieurs ornières liées au chemin agricole recouvrant le site. Aucun dispositif d’entrée n’a pu être mis en évidence. Le bâtiment 1000 est doté d’une entrée axiale aménagée sur le pignon est. Chacun des bâtiments comprend deux poteaux faîtiers. Pour les deux grandes constructions 200 et 700, des poteaux secondaires sont installés de part et d’autre des poteaux porteurs, quelquefois en léger décalage. Le bâtiment 1000 est dépourvu de ces aménagements secondaires.
Malgré leur relative apparentée morphologique, les bâtiments 200 et 700 présentent des différences notables. L’ancrage des fondations de l’édifice 200 se révèle très marqué, avec une double rangée de poteaux sur la façade sud et des poteaux internes très massifs. Il présente également des caractéristiques particulières, complexifiant l’analyse des vestiges, qui relèvent de la construction de l’édifice des aspects liés à son abandon. Aucun poteau n’a été identifié sur la paroi latérale nord de l’édifice, où la tranchée de fondation est partiellement recoupée par un creusement linéaire, qui pourrait être interprété comme une tranchée de récupération.
Le mobilier recueilli est très majoritairement issu du bâtiment 200, corroborant une possible utilisation secondaire des creusements comme lieu de rejet des activités domestiques et artisanales. Une analyse micromorphologique a été mise en place afin d’envisager plus finement les techniques de construction mises en œuvre. Les réflexions liées à la destruction du bâtiment 200 seront également nourries par l’apport microstratigraphique.
Bien que la culture matérielle soit marquée par l’absence de faune, non conservée dans les limons, elle apparaît riche et variée pour le mobilier céramique (11 kg), l’industrie en silex (33 kg) et en grès. Les études en cours ou à venir seront comparées aux séries régionales afin d’intégrer le site de Rebreuve dans son cadre chrono-culturel. Ces données seront corrélées aux datations radiocarbones prévues sur les trois bâtiments afin d’affiner la chronologie et la durée d’occupation du site.
Ainsi, l’approche pluridisciplinaire développée abordera plusieurs aspects de cette occupation diachronique depuis la construction des bâtiments jusqu’à leur abandon, en s’intéressant aux activités domestiques, agricoles et artisanales qui ont pu y prendre place. Le cadre environnemental et chronologique mérite d’être précisé afin de replacer le site de Rebreuve dans son contexte culturel et de nourrir les réflexions à l’échelle régionale et extra-régionale des occupations de la fin du Néolithique dans le Nord de la France.
Référence du rapport
Panloups et al. 2017 : Panloups E., Meurisse-Fort M., Afonso Lopes E., Bonnaire E., Delobel D., Fechner K., Lecher E., Maniez J., Monchablon C., Paulmier T., Salavert A.
Rebreuve-Ranchicourt, RD 301 Déviation d’Houdain,
Rapport final d’opération de fouille, Dainville : Direction de l’Archéologie, 2 volumes, 599 pages, 248 figures.