Le diagnostic archéologique réalisé au n° 29 de la rue de Nielles, conduit par la Direction de l’Archéologie du Pas-de-Calais le 9 mars 2020, a concerné une partie de l’emprise d’une parcelle vouée à l’aménagement d’un hangar agricole en limite de zone inondable, en bordure au sud de la Lys, sur 409 m². Deux sondages ont été réalisés, représentant 7 % de la surface du projet. Ces sondages mettent en avant sur les abords de la Lys des alluvions post-antiques sur plus de 1 m d’épaisseur et, au sud de la parcelle, la continuité du suburbium de Nielles de l’antique Tervanna. Limité en surface et en profondeur en raison de l’aménagement et du caractère inondable du secteur, cette opération n’en révèle pas moins des informations importantes et remet en lumière les questionnements autour des suburbia de Thérouanne.
Bien qu’il soit difficile de caractériser clairement cette occupation en bordure de la Lys ainsi que son étendue, il apparaît indéniable que le suburbium mis en évidence en 2007 au hameau de Nielles à 50 m au sud du présent diagnostic se développe jusqu’à la Lys. Benoît Leriche l’avait d’ailleurs observé un peu plus loin sur le chemin de Delettes en 2010 (Leriche 2010). Ce quartier, aux marges de Tervanna, se développe également plus à l’est, au niveau du chemin de Bomy (Maniez 2013), mais l’on ignore pour le moment jusqu’où. Doit-on intégrer à ce hameau artisanal le secteur mis en évidence au niveau de la Râperie (fours de potiers, Merkenbreack 2019g) et des Oblets (four à chaux, Blamangin et al. 2011) ? Si tel était le cas, nous serions en présence d’un suburbium compris entre une quinzaine et une trentaine d’hectares. La question reste ouverte. La présence d’un puits au sein d’un secteur artisanal n’a rien de surprenant et la découverte de celui-ci est à associer sans nul doute aux vestiges mis en évidence par Véronique Devred en octobre 2007 (Devred 2008). Ces différentes opérations demeurant à l’état de diagnostic, il est ardu d’aller plus en avant dans les interprétations à l’heure actuelle.
La question des aménagements des berges de la Lys se pose également, de même que le lien que celle-ci entretient avec le quartier artisanal. Rappelons qu’en 2019 entre la Petite Lys et la Lys principale un bâtiment qui s’apparente à un horreum a été mis au jour et que des vestiges mobiliers de mouture attestent la présence d’un atelier de retaille de meule à Tervanna (Merkenbreack 2019). Dès lors, toute la question de l’organisation et de la répartition topographique de l’artisanat à Thérouanne durant l’Antiquité se pose, de même que l’importance, l’aménagement et la praticabilité de la Lys.
Vincent Merkenbreack
Référence du rapport
Merkenbreack (V.)
Thérouanne (Pas-de-Calais), 29 rue de Nielles - parcelles AC 2 à 6,
Rapport final d’opération de diagnostic, édition Direction de l’Archéologie du Pas‑de‑Calais, Dainville, 2020, 66 pages, 24 figures.