La société Habitat du Nord prévoit la construction d’un EHPAD (Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgée Dépendantes) de 114 lits sur la commune de Vitry-en-Artois. Sur prescription du Service régional de l’archéologie du Nord / Pas-de-Calais, le Centre départemental d’archéologie a été désigné pour réaliser l’intervention. Cette dernière s’est déroulée du 16 au 18 février 2015 sous la responsabilité de Laetitia Dalmau.
La parcelle est située rue de Quiéry. Dix tranchées linéaires et quatre extensions ont été réalisées, représentant une surface d’ouverture de 2 825 mètres carrés pour une superficie totale, avec contraintes, de 21 688 mètres carrés, soit 13 % de la zone diagnostiquée.
Le diagnostic a mis en évidence 88 unités d’enregistrements dont 52 structures. La répartition des vestiges est éparse et peu stratifiée. Les vestiges mis au jour sont à rattacher à la période protohistorique d’une part et à la période gallo-romaine d’autre part. Une occupation contemporaine liée au second conflit mondial est très présente sur le site. La superficie de cette zone d’habitat ou de stockage, observée dans le cadre du diagnostic, est de 2 500 mètres carrés. L’opération de diagnostic n’a pas permis de sonder tous les vestiges, cependant la totalité a fait l’objet d’un ramassage de mobilier visible en surface des comblements.
La période protohistorique est principalement caractérisée par un fossé curviligne de type enclos qui pourrait avoir les mêmes caractéristiques que ceux retrouvés sur les sites de l’aérodrome et de la Route de Quiéry situés de l’autre côté de la rue. Toutefois, il n’est pas possible de savoir si cet enclos servait à un aménagement de type habitat ou autre puisque l’on n’a aucune connaissance de sa surface. Il serait tout de même possible de le rattacher à la période laténienne (La Tène ancienne) tout en restant extrêmement prudent compte-tenu de la quasi absence de mobilier.
Les vestiges appartenant à la période gallo-romaine (Haut-Empire) sont présents sur la partie occidentale de la parcelle. Le diagnostic a révélé un ensemble de fosses et de fossés qui pourrait être lié au bâtiment sur fondation en craie. De plan plutôt rectangulaire, cette construction comprendrait une entrée au nord-est de son mur oriental. La vocation de cet édifice reste indéterminée. Seules les fondations en craie ont été retrouvées, il ne restait que des spots localisés d’un sol intérieur en tegulae et imbrex. Les fondations se trouvent juste sous les labours récents.
Toutefois, il trouve quelques comparaisons dans la région pour le Haut-Empire (Langelin 2004, Cuincy : Chemin Notre Dame). La superficie de cette zone d’habitat ou de stockage, observée dans le cadre du diagnostic, est de 2 500 mètres carrés. Cet ensemble est daté, d’après le mobilier céramique dégagé, du 2ème siècle après Jésus Christ.
Quelques structures ainsi que les sondages ponctuels réalisés dans les fossés ont livré du mobilier céramique mettant en exergue une occupation du site de La Tène ancienne et du Haut-Empire. La configuration du terrain semble avoir joué un rôle prépondérant dans l’installation du bâtiment et des enclos du Haut-Empire qui suivent la dépression nord-ouest / sud-est. Le site reconnu sur 2 500 mètres carrés est en périphérie de la villa (620 mètres) et s’oriente à l’identique de celle-ci. Il se pourrait que cet aménagement soit en lien avec l’installation déjà attestée. Son étude permettrait ainsi d’avoir l’opportunité de porter un regard sur les installations satellites des grandes villae.
Référence du rapport
Dalmau L., Afonso-Lopes E., Meurisse-Fort M.,
Vitry-en-Artois, Rue de Quiéry,
Rapport final d’opération de diagnostic, édition Centre départemental d’archéologie du Pas‑de‑Calais, Dainville, 2015, 88 pages, 54 figures.