Des palets de jeu et des billes retrouvés dans le cimetière mis au jour Place Saint-Jean à Saint-Omer sont de rares témoignages archéologiques de la pratique de jeux au Moyen Âge. D’autres sites archéologiques ont livré des plateaux de jeu ou des dés et sont complétés par les sources écrites qui nous renseignent sur les règles de jeu, ainsi que les images. De nombreux jeux médiévaux existent encore aujourd’hui, en particulier les échecs ou les jeux de cartes.
Les sources écrites les plus connues pour les jeux du Moyen Âge sont Rabelais, qui énonce 217 jeux du jeune Gargantua et Jean Froissart qui cite ses jeux d’enfants dans le poème L’Espinette amoureuse :
« Ce n’était pas aux dés, aux échecs, au tric-trac et à ces nobles jeux d’agrément que je voulais jouer, mais à faire des pâtés de terre, des pains ronds, des flans, des tartelettes, et à bâtir un four avec quatre tuiles, où je mettrais à cuire tout cela… […]
Puis nous jouions à un autre jeu qu’on appelle « la queue leu leu », et aussi au jeu de Merlin, et à lancer des pierres dans un pot, et à pile ou face, je crois bien. Et quand nous étions tous ensemble, nous jouions à courir aux poires, et au voleur Enguerrand, et aussi à la « brimbetelle » et aux deux bâtons qu’on traîne, et souvent je faisais d’un bâton un cheval que j’appelais Grisel. Sous le vent aussi nous avons transformé en heaumes nos capuchons (et très souvent nous nous battions à coup de bonnet devant les filles).
À cette époque, nous jouions aussi au roi qui ne ment, aux barres, à saute-mouton, à « sauve-moi de Colinet », et à « je crie si on me frappe », et, dans la maison, à l’ébahi et aux devinettes… »
Texte extrait de Jean Froissart, L’Espinette amoureuse (vers 177 et suivants et 203 et suivants), édition A. Fourrier, Paris, 1972. Traduction en français moderne in Michèle Gally, Christiane Marchello-Nizia, Littérature de l’Europe médiévale, Magnard, 1986
Cette miniature du 13e siècle représente deux joueurs de tables, ainsi que le plateau de jeu et les pions (© Munich, Bayerishes Staatsbibliothek clm 4660)
Au Moyen Âge, les jeux s’accompagnent souvent d’enjeux, ce qui incite les pouvoirs publics et religieux à les contrôler. Les jeux de stratégie sont plus facilement tolérés : échecs, jeu des tables appelé plus tard tric-trac et ses variantes, jeu de la marelle ou des mérelles, jeu du renard et des poules, etc. Ces jeux se pratiquent le plus souvent sur des plateaux mobiles, constitués de bois et parfois de matériaux plus précieux comme l’ivoire. Certains peuvent être réalisés également sur des supports récupérés, comme des tuiles ou des ardoises.
Tout le monde ou presque joue au Moyen Âge et avec ce qu’il a ! Il n’est pas rare que les pièces des jeux soient fabriquées par le joueur lui-même, à l’aide des matériaux dont il dispose et parfois en récupérant d’autres objets. Les palets retrouvés à Saint-Omer sont fabriqués à partir de tuiles de toiture retaillées.
Deux jeux et leurs règles sont proposés : une variante simplifiée du jeu de tric-trac appelée jeu du Tourne Case et le jeu des mérelles. Ces deux jeux sont un héritage de l’Antiquité.
Pour jouer, téléchargez les documents suivants :
plateau de jeu du tourne-case :
règles du jeu du tourne-case :
plateau de jeu des mérelles :
règles du jeu des mérelles :
Découvrez d’autres jeux médiévaux avec l’ouvrage complet de Catherine Breyer, Jeux et jouets à travers les âges. Histoire et règles de jeux égyptiens, antiques et médiévaux, Bruxelles : Éditions Safran, 2010.