Propriétaire des deux tours de l’abbaye du Mont-Saint-Éloi depuis janvier 2008, le Conseil général du Pas-de-Calais restaure et met en valeur le site. Dans ce but, il met en œuvre avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication, une campagne de fouilles programmées de 2011 à 2013. Une équipe d’archéologues du Centre départemental d’Archéologie est intervenue en 2012 pour enrichir les connaissances concernant la collégiale classique (18e siècle).
Les résultats de la fouille de 2012
Le plan de l’église classique (18e siècle), en partie mis au jour les années précédentes, a été complété avec le dégagement du transept et du collatéral sud.
Des segments de murs et une tour de l’enceinte gothique (15e siècle) ont été découverts. Au 18e siècle, de grands travaux de terrassement ont été entrepris pour étendre le talus du Mont-Saint-Éloi vers le sud-ouest et asseoir les fondations de la nouvelle église.
Le plan de l’église classique restitué par les historiens d’après des archives est contredit par les données archéologiques : le choeur mis au jour est plus long d’une travée.
L’enceinte de l’abbaye gothique
Après avoir fouillé et dégagé les niveaux supérieurs les deux précédentes années, les archéologues ont eu l’agréable surprise de trouver des vestiges gothiques conservés sous les niveaux du 18e siècle.
Au 15e siècle, pendant la régence de Charles 6, l’abbaye a subi les assauts des factions rivales du dauphin et du duc d’Orléans. L’abbé Michel d’Allène obtint de Jean Sans Peur, comte de Bourgogne, la permission d’entourer l’abbaye de remparts et de tours. Une enceinte sera construite par son successeur Jean Bullot à partir de 1426.
Cette représentation de l’abbaye gothique et de son enceinte sur les Albums de Croy (17e siècle) reste un document précieux, malgré une perspective maladroite (en vert, la tour découverte lors des fouilles).
C’est une partie de cette enceinte, large de 2.50 m et flanquée d’une tour de 7 m de diamètre, qui a pu être observée sur plusieurs dizaines de mètres de long, ainsi que des niveaux de circulations contemporains de l’église gothique (13e siècle). La localisation de ces vestiges associés à l’église gothique permet d’affiner les hypothèses sur son emplacement. Seules les fondations en calcaire sont conservées. Elles décrivent une tour semi-circulaire qui vient s’accrocher sur le mur d’enceinte.
Un chantier de grande ampleur
Avant la construction de l’église classique (18e siècle), le talus marquant l’extrémité occidentale du Mont-Saint-Éloi n’était pas aussi développé. Pour gagner du terrain, les ouvriers bâtisseurs ont élevé les fondations de l’église tout en agrandissant le talus grâce au dépôt d’un grand volume de terre.
On peut aisément restituer pour les périodes médiévales un talus en retrait de plus de 15 m par rapport au présent, ce qui laisse entrevoir la quantité impressionnante de remblais qu’il a fallu mobiliser pour modifier la topographie du site.
La construction de la partie sud-ouest de l’église a dû prendre plus de temps que son pendant au nord-est, en raison de ces travaux importants de terrassement et peut-être d’une mise en oeuvre de fondations plus puissantes. Un soin particulier a été apporté à la préparation de la zone de chantier où les ouvriers ont travaillé pendant plusieurs années.
Ainsi, un sol de briques habillait tout le pourtour de la façade sud de l’édifice. Une fois les murs de l’église achevés, ce sol de briques laissé par les ouvriers du 18e siècle, a été recouvert par des remblais de renfort des élévations.
Les vestiges de la période classique ont quasiment été intégralement fouillés. Les prochaines campagnes s’attacheront à récolter davantage d’informations sur les états antérieurs : des origines mérovingiennes à la construction de l’église gothique (13e siècle).
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