Propriétaire des deux tours de l’abbaye du Mont-Saint-Éloi depuis le 1er janvier 2008, le Conseil général du Pas-de-Calais restaure et met en valeur le site. Dans ce but, il met en œuvre avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication, une campagne de fouilles programmées depuis 2011. Une équipe d’archéologues du Centre départemental d’archéologie est intervenue d’août à septembre 2014 pour enrichir les connaissances concernant l’abbatiale gothique (XIIIe siècle).
Les résultats de la fouille de 2014
La connaissance de l’église gothique a pu être complétée grâce à la découverte des fondations du chœur de cet édifice. De ce fait, son emplacement précis dans l’espace est aujourd’hui connu. Une chapelle de la crypte a été dégagée dans son intégralité.
À l’extérieur, des niveaux de circulation gothiques et une canalisation moderne ont été mis au jour.
Au pied des deux tours de l’abbatiale moderne, la réalisation de sondages a permis de retrouver la suite de l’enceinte du XVe siècle découverte en 2012.
La chapelle de la crypte gothique
Une des découvertes majeures de cette campagne de fouille 2014 est une chapelle de la crypte de l’église gothique. Cette chapelle est attenante à la crypte principale qui est située sous le chœur de l’église.
Les fondations des murs sont partiellement conservées sur plus d’1,60 m de hauteur. Ces fondations sont constituées de blocs de calcaire et de grès scellés par du mortier. Les pierres de parement sont aujourd’hui manquantes car elles ont été récupérées lors de la démolition de l’église à l’époque moderne.
À l’est de cette chapelle, les archéologues ont découvert l’emplacement d’un autel matérialisé par une petite surélévation du sol. Cet autel devait être adossé contre le mur en direction du chœur de l’église. La découverte de blocs calcaire sculptés, enduits et ornés avec de la feuille d’or à proximité de l’autel suggère qu’il était richement décoré.
Un exceptionnel pavage
Sur le sol de la chapelle, un exceptionnel pavage du XIIIe siècle a été mis au jour. Il donne un aperçu des techniques de fabrication des carreaux de pavement de cette époque et des décors présents dans la crypte.
Il est constitué de 27 panneaux, tous décorés différemment. Chaque panneau est composé d’une association de plusieurs carreaux de pavements glaçurés en jaune ou vert olive.
Au moment du façonnage, les carreaux d’argile carrés ou rectangulaires sont incisés de façon à pouvoir les diviser en plusieurs morceaux de tailles et de formes différentes (triangle, losange). C’est l’association de tous ces modules qui permet la création de décors variés.
Les couleurs d’origine du pavage sont le jaune et le vert-olive. La couleur rouge apparait lorsque le sol est usé et que la glaçure colorée a disparu.
Dans un premier temps, les archéologues ont retiré la terre avec des truelles et des petits outils en bois. Puis, le sol a été nettoyé avec des éponges et de l’eau déminéralisée, de façon à faire ressortir les couleurs.
Une archéologue nettoie le sol à l’eau déminéralisée.
À l’issue de la fouille, un géotextile a été disposé sur toute la surface du pavage, qui a été ré-enfoui sous un lit de sable. Ce choix permet d’éviter sa dégradation et ainsi le préserver pour les générations futures.