Archéologie - Pas-de-Calais le Département
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Le château médiéval disparu d’Audruicq

En 2019, le projet de réaménagement du centre-ville d’Audruicq a nécessité de réaliser des diagnostics pour tester la présence de traces d’occupations. Autour de la mairie, des vestiges médiévaux de deux tourelles de défense et d’un bâtiment ont été mis en évidence par les archéologues du département.

Vue zénithale du diagnostic dans le parc de la mairie d'Audruicq

Vue zénithale avec légende
Vue zénithale sans légende
© IGN © Crédits : IGN/CD62/DA
Image de gauche

Vue sans légende

Image de droite

Vue zénithale de l’emprise, six tranchées ont mis au jour des vestiges et des objets. Seuls les secteurs accessibles et en lien avec les futurs aménagements ont été diagnostiqués.

  

Les vestiges médiévaux

Avant qu’Audruicq ne soit érigée en ville par le comte de Guînes à la fin du 12ième siècle, les sources écrites évoquent l’élévation d’une motte féodale au lieu-dit le « clos Almer », entourée d’un fossé, d’un mur et surmontée d’un château ou d’un donjon en bois.

Aujourd’hui, on ne trouve plus de trace de ce lieu-dit qui selon Lambert d’Ardres se situait « en la ville d’Audruicq, du côté nord ». À la fin du 12 ième siècle, Baudouin 2 fait réaliser d’importants travaux de fortification à Audruicq. Le dispositif défensif se compose d’un double fossé autour de la ville et d’une terrasse en son centre.

Les deux tourelles médiévales

vestige des fondations deux tours

Deux tourelles défendant l’entrée du château médiéval ont été mises au jour dans un bon état de conservation. Atypiques par leurs formes de tiers de cercle, elles ont une largeur de 1,6 m et une hauteur dépassant les 80 cm. Elles sont élaborées en leurs cœurs d’un blocage de cassons de calcaire noyés dans un mortier et à l’extérieur d’un parement de moellons de calcaire.

Crédits : CD62/DA/O.Dewitte.

Deux tourelles défendant l’entrée du château médiéval ont été mises au jour dans un bon état de conservation. Atypiques par leurs formes de tiers de cercle, elles ont une largeur de 1,6 m et une hauteur dépassant les 80 cm. Elles sont élaborées en leurs cœurs d’un blocage de cassons de calcaire noyés dans un mortier et à l’extérieur d’un parement de moellons de calcaire.

Le fossé de douve et le mur de contrescarpe 

Deux archéologues mettent à jour le mur de contrescarpe

Au sud-ouest, un sondage a révélé un mur de contrescarpe composé de moellons de calcaire coïncidant avec le prolongement du tracé de la douve relevée sur le cadastre napoléonien de 1833. La douve d’une largeur minimum de 8 m dessinait un vaste espace clôturé de 140 m de long par 60 m de large entourant la haute-cour et la basse-cour du château médiévale.

Crédits : CD62/DA/H.Agostini.

Au sud-ouest, un sondage a révélé un mur de contrescarpe composé de moellons de calcaire coïncidant avec le prolongement du tracé de la douve relevée sur le cadastre napoléonien de 1833. La douve d’une largeur minimum de 8 m dessinait un vaste espace clôturé de 140 m de long par 60 m de large entourant la haute-cour et la basse-cour du château médiévale.

Un mur de clôture 

Vestige d'une fondation d'un mur de cloture

Au nord de la mairie, le vestige d’une fondation d’1,4 m de large a été observé sur une longueur de 2 m dans une tranchée. Il pourrait s’agir d’un mur de clôture venant compléter le système de défense principal avec la plateforme et le fossé de la douve. Il est constitué en son cœur d’un blocage de petits cassons de calcaire noyés dans un mortier. La façade sud du mur est composée de moellons de calcaire et la façade nord est de cassons de calcaire disposés en hérisson.

Crédits : CD62/DA/H.Agostini.

Au nord de la mairie, le vestige d’une fondation d’1,4 m de large a été observé sur une longueur de 2 m dans une tranchée. Il pourrait s’agir d’un mur de clôture venant compléter le système de défense principal avec la plateforme et le fossé de la douve. Il est constitué en son cœur d’un blocage de petits cassons de calcaire noyés dans un mortier. La façade sud du mur est composée de moellons de calcaire et la façade nord est de cassons de calcaire disposés en hérisson.

Un bâtiment artisanal ?

trois archéologues mettent au jour les fondations d'un bâtiment artisanal

L’angle nord-ouest d’un bâtiment daté du 13ième siècle a été mis en évidence dans la basse-cour du château médiéval. La fondation d’une largeur d’1 m est constituée de petits et de gros caissons de calcaire sans liant. Sa fonction n’est pas clairement définie mais le bâtiment pourrait avoir abrité une activité artisanale en lien avec le foyer installé contre l’un de ses murs.

    

Crédits : CD62/DA.

L’angle nord-ouest d’un bâtiment daté du 13ième siècle a été mis en évidence dans la basse-cour du château médiéval. La fondation d’une largeur d’1 m est constituée de petits et de gros caissons de calcaire sans liant. Sa fonction n’est pas clairement définie mais le bâtiment pourrait avoir abrité une activité artisanale en lien avec le foyer installé contre l’un de ses murs.

Le foyer 

vue d'une coupe verticale du foyer et vignettes de la céramique et des coulures de plombs

Un foyer a été découvert contre l’un des murs, il est formé d’une fosse circulaire chargés en cendres d’1,8 m de diamètre et 43 cm de profondeur. Les comblements du foyer ont livré plusieurs fragments de céramiques du 13ième siècle, un lot de coulures de plomb et un ensemble de restes de faune (bœuf, porc, poisson, poule, cerf). La présence de coulures de plomb dans le comblement supérieur du foyer pourrait être liés à la confection d’élément de gouttière.

  

      

Crédits : CD62/DA/D.Boutteau/ S.Janin-Reynaud

Un foyer a été découvert contre l’un des murs, il est formé d’une fosse circulaire chargés en cendres d’1,8 m de diamètre et 43 cm de profondeur. Les comblements du foyer ont livré plusieurs fragments de céramiques du 13ième siècle, un lot de coulures de plomb et un ensemble de restes de faune (bœuf, porc, poisson, poule, cerf). La présence de coulures de plomb dans le comblement supérieur du foyer pourrait être liée à la confection d’élément de gouttière.

Synthèses des vestiges médiévaux et des sources écrites

S’il est impossible d’affirmer que la motte féodale du « clos Almer » se situait bien à l’emplacement du château actuel, la présence d’une terrasse artificielle a bien été confirmée par les observations de terrain et des niveaux de plateforme ayant été repérés en différents points du site.

Le relief actuel fournit quelques indices sur la forme générale d’une petite élévation de terre à sommet plat, appelée tertre. À l’image des sites féodaux d’Audinghen et de Beaurainville, nous serions en présence d’un tertre ovale à l’ouest complété par une terrasse rectangulaire à l’est constituant la basse-cour, le tout entouré d’un large fossé de douve. L’existence d’un fossé séparant la haute et la basse-cour n’est pas confirmée mais la présence d’une légère dépression dans ce secteur permet de l’envisager.

Restitution d’après les données archéologiques 

Proposition d'une restitution de l'organisation de la basse et de la haute cours à l'époque médiévale

La partie sud-est du tertre est occupée par les deux tourelles ménageant entre elles un espace de 2 m de large.  Probablement destinées à défendre un accès entre la haute et la basse-cour, elles faisaient sans doute partie d’un dispositif de défense plus étendu mais difficile à appréhender. En effet, dès le 13ième siècle et le début du 14ième siècle, des châteaux circulaires ou polygonaux construits avec des pierres ou des briques vont remplacer les châteaux à motte féodale en bois. Dans ce cas précis, seule la tourelle sud aurait pu être prolongée par un mur de courtine restituable à l’emplacement de la fosse se situant au sud de la tourelle. La tourelle nord, quant à elle, s’interrompt subitement au nord contre des niveaux de plateforme qui apparaissent assez hauts dans ce secteur. Il pourrait s’agir d’un dispositif mixte associant de la terre et de la pierre, la pierre étant réservée pour l’entrée, secteur stratégique du château.

  

     

Crédits : CD62/DA/O.Dewitte

La partie sud-est du tertre est occupée par les deux tourelles ménageant entre elles un espace de 2 m de large.  Probablement destinées à défendre un accès entre la haute et la basse-cour, elles faisaient sans doute partie d’un dispositif de défense plus étendu mais difficile à appréhender. En effet, dès le 13ième siècle et le début du 14ième siècle, des châteaux circulaires ou polygonaux construits avec des pierres ou des briques vont remplacer les châteaux à motte féodale en bois. Dans ce cas précis, seule la tourelle sud aurait pu être prolongée par un mur de courtine [glossaire] restituable à l’emplacement de la fosse se situant au sud de la tourelle. La tourelle nord, quant à elle, s’interrompt subitement au nord contre des niveaux de plateforme qui apparaissent assez hauts dans ce secteur. Il pourrait s’agir d’un dispositif mixte associant de la terre et de la pierre, la pierre étant réservée pour l’entrée, secteur stratégique du château.

La basse-cour

Une gravure tirée de l’album de Croÿ fait figurer plusieurs bâtiments en ruine au niveau de la basse-cour. L’accès à cette dernière se faisait visiblement à l’est par un pont soutenu par deux piles (visible sur le cadastre napoléonien de 1833).

Aujourd’hui, un pont est toujours présent à cet emplacement, il relie la rue du parc à une maison individuelle en franchissant la section de fossé de l’ancienne douve toujours en eau.

Ruines et réaménagements modernes

La ville est le théâtre de nombreux affrontements et multiples sièges durant la guerre de 100 ans mais aussi lors des guerres qui opposent la France aux Pays-Bas espagnols durant les 16ième et 17ième siècles.

Une carte de 1644 fait figurer un château en ruine qui semble avoir été totalement rasé au 17ième siècle lors de la construction du château actuel et de l’agencement de son jardin à la française (visible sur le plan cadastral de 1833).

Plan du cadastre napoléonien avec la position du château actuelle et des jardins d'époque

     

Crédits: CD62/ Archives Départementale du Pas-de-Calais.

Des vestiges modernes (des matériaux de démolition, des tuiles flamandes et un mur de brique) mis au jour sont visiblement liés à l’aménagement d’une allée monumentale pour le château du 18ième siècle. Depuis 1969, le château est occupé par la mairie de la commune.

Le canal 

superposition de couches dans la voirie lors d'un sondage dans la rue

Au sud du parc de la mairie, le cadastre napoléonien de 1833 fait figurer une portion du canal construit à la fin du 17ième siècle pour recueillir les eaux des deux rivières de la ville. Six sondages ont été réalisés dans la rue Alfred Rougemont et sur la place des marronniers où se situe l’ancien tracé du canal. Ils ont permis d’observer le comblement terminal du lit du canal sous les différentes couches de remblai qui portent la voirie actuelle. 

      

Crédits : CD62/DA.

Au sud du parc de la mairie, le cadastre napoléonien de 1833 fait figurer une portion du canal construit à la fin du 17ième siècle pour recueillir les eaux des deux rivières de la ville. Six sondages ont été réalisés dans la rue Alfred Rougemont et sur la place des marronniers où se situe l’ancien tracé du canal. Ils ont permis d’observer le comblement terminal du lit du canal sous les différentes couches de remblai qui portent la voirie actuelle.