Sur prescription du Service régional de l’Archéologie, le Centre départemental d’Archéologie du Pas-de-Calais a procédé à un diagnostic sur l’emprise d’un projet de construction d’un lotissement à Carvin. Le futur aménagement est situé au nord de la commune, bordé par la route de Carnin, la rue Séraphin Cordier et la rue du Maréchal Foch, sur un léger versant au nord d’une zone alluviale de la Deûle. Le projet s’étend sur 29 115 mètres carrés. 9 tranchées ont été réalisées, représentant 10,8 % de la surface accessible.
Ce diagnostic a permis de mettre au jour un espace à vocation funéraire et/ou cultuelle du Haut-Empire avec près d’une cinquantaine de structures, concentrées sur environ 8 000 mètres carrés dans la partie méridionale de l’emprise et se développant probablement au-delà.
Une structure particulièrement riche en mobilier a livré un dépôt de faune et de céramiques complètes, brisées, découpées et percées recouvert par une couche charbonneuse. L’absence d’ossements humains ne permet pas d’affiner l’interprétation funéraire (sépulture secondaire) ou cultuelle (fosse à offrandes) de cette fosse. La structuration générale du site associe des structures quadrangulaires, présentant des modules répétitifs et des orientations similaires, et des fosses circulaires à ovales charbonneuses. Le corpus céramique est dominé par des vaisselles de préparation, de cuisson et de présentation. La faible proportion de la vaisselle de table, des céramiques de conservation et l’absence de celles destinées au transport ne semblent pas caractériser une occupation de type agricole ou domestique et renforcent la vocation funéraire / cultuelle du site. La fourchette chronologique établie sur les structures fouillées à l’occasion du diagnostic place cette occupation entre la fin du 1er s. et le 2ième siècle après J.-C. Quelques indices du Bas-Empire sont tout de même présents, avec une grande fosse quadrangulaire livrant dans son comblement de surface de la sigillée d’Argonne et des fragments d’enduits peints.
La présence de recoupements stratigraphiques montre un réaménagement de l’aire funéraire / cultuelle au cours de son utilisation qu’il serait intéressant de caractériser. L’organisation interne de l’espace funéraire / cultuel reste à préciser, avec le nombre de sépultures éventuelles et sa durée d’utilisation. La mise au jour d’un puits permet également de s’interroger sur la présence d’autres structures non sépulcrales sur le site, comme les lieux de crémation, les fosses à rejets de crémation ou les fosses à offrandes. L’étude de ce site permettra d’approfondir les connaissances actuelles sur l’ensemble des gestes et des pratiques entourant la mort à l’époque gallo-romaine.
La diversité des types de structures observées sur le site de Carvin offre l’opportunité de compléter les informations recueillies sur les sites funéraires voisins et potentiellement contemporains, à la frontière antique des Ménapiens et des Atrébates, notamment ceux de Carvin « La Gare d’Eau », Dourges ou Hénin-Beaumont.
La présence de structures d’habitat n’a pas été attestée à proximité, mais le lien entre le monde des morts et des vivants constitue une piste de réflexion à développer. Le nombre et la densité des potentielles structures funéraires / cultuelles pourraient correspondre à un espace utilisé de manière communautaire, par plusieurs établissements ruraux dispersés ou regroupés en hameau.
Référence du rapport
Panloups (É.), Afonso Lopes (É.), Bruniaux (G.), Carvin, «Route de Carnin», Rapport final d’Opération de diagnostic, éd. Centre départemental d’Archéologie du Pas‑de‑Calais, Dainville, année, 82 p., 48 fig.