Le syndicat mixte Eden 62 projette, dans le cadre des aménagements des abords du château d’Hardelot, la création d’un jardin et l’ouverture partielle des anciennes douves sur une emprise de 6 240 m².
La nature des travaux (les plantations et le curage partiel des fossés) risquant d’affecter le sous-sol archéologique, le Service régional de l’Archéologie a prescrit une opération de diagnostic archéologique et a désigné la Direction de l’Archéologie du Pas-de-Calais pour réaliser l’opération qui s’est déroulée du 13 au 15 octobre 2020.
Le diagnostic de 2020 réalisé au sud du château a permis d’affiner les connaissances sur la topographie du terrain avant la construction de la forteresse et de compléter le plan des douves. L’ensemble des vestiges est apparu à 0,30 m sous la terre végétale.
En se basant sur la topographie générale et les données des 4 diagnostics pércédents, il est possible de proposer une restitution de l’environnement avant la construction du château. Les sables dunaires repérés à l’est de l’emprise du diagnostic qui apparaissent à la cote NGF moyenne des 27 m sont identiques à ceux repérés au centre de la forteresse (cote NGF moyenne de 29 m), au nord-ouest de la forteresse (cote NGF moyenne 26,50) et à l’ouest (cote moyenne NGF 27). Dans le détail, le toit de ce relief dunaire est accidenté et présente de nombreuses dépressions, notamment à l’ouest de la zone étudiée. Les sables dunaires formaient très certainement un relief, peut-être de type barcane, dont le sommet était localisé sous le château (29 m NGF) et les pointes à l’ouest et au sud. Il est possible que ce relief, compte-tenu des bio perturbations de surface repérées sous les remblais médiévaux, ait été végétalisé (garenne). Le château a été construit sur le point le plus haut de ce relief peu prononcé.
Lors du creusement des douves, les remblais des terrassements ont clairement été employés pour niveler le terrain en comblant les dépressions à l’ouest et au sud de l’emprise du diagnostic pour créer une plate-forme plane. Cette dernière est encore visible dans le paysage actuel, notamment sa limite sud matérialisée par une terrasse de 1 m de haut qui suit en parallèle les douves à une quarantaine de mètres de distance.
Les douves extérieures du système défensif à double couronne fossoyée ont été repérées sur 60 m de long. Le profil a été étudié dans une tranchée à l’ouest. La largeur du fossé passe de 20 m à l’ouest à 16 m à l’est. Sa configuration générale est également similaire à celle des douves diagnostiquées en 2013. Profond de 2 m à l’ouest, le fossé possède des parois obliques non protégées et un fond relativement plat. La présence d’un niveau organique tourbeux sur le fond signale le développement d’une végétation en milieu humide. Les parois fragiles présentent des traces d’érosion avec des dépôts de niveaux sableux qui tapissent les bords. À une période indéterminée, le fossé se colmate progressivement pour ne former au final qu’une dépression profonde d’1,50 m et large de 10 à 15 m. Le comblement du fossé se poursuit à l’époque moderne avec le remblaiement par un niveau de dépotoir constitué de terre et de matériaux de construction.
Le glacis entre les fossés et l’espace devant le fossé extérieur reste, à l’emplacement des tranchées de diagnostics, vide d’aménagements défensifs. L’absence de palissades, alors que les textes en attestent l’installation au 15ième siècle, peut s’expliquer par l’érosion des sols très fragiles. Une fosse datée de la fin du Moyen Âge, sans doute des latrines, a été creusée à l’extérieur du système fossoyé et a servi de dépotoir. Deux petites fosses complètent les découvertes, sans qu’il soit possible d’en déterminer la fonction et la datation.
Ces résultats confortent les interprétations livrées par les opérations de diagnostic précédentes. Le château est entouré de deux fossés peu larges et peu profonds, séparés par un glacis sur les trois-quarts de son pourtour. La défense du site est principalement basée sur une large mise en eau de ce périmètre, éloignant les assaillants à plus de 50 m des courtines. Ce dispositif a d’ailleurs été adopté par quelques forteresses de la Flandre maritime disposant d’un accès à l’eau aisé mais d’un sous-sol fragile.
Référence du Rapport
Willot (J.-M.), Meurisse Fort (M.),
Condette, Avenue Charlemagne (Pas-de-Calais),
Rapport final d’opération de diagnostic, édition Direction de l’Archéologie du Pas‑de‑Calais, Dainville, 2021, 70 pages, 23 figures.