Le Conseil général du Pas-de-Calais prévoit, dans le cadre de la réhabilitation du Château d’Hardelot, des travaux dans la cour et, à l’extérieur, le long de la courtine. La nature des travaux risquant d’affecter le sous-sol archéologique, le Service régional de l’Archéologie a prescrit une opération de diagnostic archéologique et a désigné le Service départemental d’Archéologie pour conduire l’opération qui s’est déroulée du 7 au 11 juillet.
Dès le percement des premières tranchées, nous avons été confrontés à une configuration du sous-sol peu commune. En effet, le même remblai général, qui est composé de sable, de terre végétale, de matériaux de démolition et surtout riche en mobilier archéologique médiéval, était présent dans toutes les tranchées. Des maçonneries, des négatifs et des niveaux, sont apparus sous ce remblai à des côtes très disparates. Enfin, le mobilier collecté dans toutes les tranchées est constitué de fragments de céramiques datés du 13ième au 16ième siècle.
L’explication se trouve dans l’histoire récente du château et de ses derniers propriétaires. Après l’achat du site en 1848, Sir John Hare entreprend des travaux et réalise des fouilles archéologiques, probablement de grande ampleur. Bien qu’aucun document de fouilles ne nous soit parvenu, la mention dans les archives communales de nombreuses découvertes d’objets laisse présager une entreprise d’envergure. De même, l’abbé Bouly effectue des fouilles sur le château à partir de 1934 dont il est également difficile de connaître la nature en l’absence de document. Les tranchées de sondages ont donc percé d’anciens remblais de fouilles et ont mis au jour les derniers vestiges laissés par nos prédécesseurs. La stratigraphie a en revanche totalement disparu ainsi que probablement de nombreux vestiges tenus (remblais de motte, fosses et trous de poteaux).
Néanmoins, avec les précautions d’usage, il reste possible d’avancer quelques hypothèses de travail à partir des observations de terrain.
Il n’existe pas de motte antérieure aux fortifications en pierre sur laquelle un donjon aurait pu s’établir. Les niveaux les plus anciens, les lits de cassons de grès ou de chaux, sont indubitablement liés à d’importants travaux mettant en œuvre la pierre. Certains bâtiments en pierre étudiés dans le cadre du diagnostic, qui ont été construits lors de cette phase primitive, possèdent des traits architecturaux communs avec des édifices en pierre médiévaux (les fortifications, les écuries, les celliers) toujours en élévation. Ces observations soulèvent plus d’interrogations qu’elles n’apportent d’éléments de réponse concernant la genèse du site : en l’absence de mobilier et de stratigraphie, il est impossible d’attribuer à Renaud de Dammartin à la fin du 12ième siècle, ou à Philippe Hurepel au début du 13ième siècle, l’initiative du grand chantier fondateur repéré dans les tranchées de diagnostic.
Il est également délicat, pour les mêmes raisons, de dater les phases de transformation du bâti. La nature des matériaux employés pour les réfections ou les nouvelles constructions peut difficilement constituer un élément probant pour définir une chronologie. Quant à caractériser les grands chantiers, cela devient d’autant plus hasardeux, car même si des bâtiments possèdent des traits architecturaux identiques, aucun lien ne peut être établi entre l’histoire du site et les faits archéologiques.
Les vestiges conservés sont soit localisés à faible profondeur le long de la courtine, soit enfouis sous 1.50 m de remblai. Le site n’est donc pas mis en danger par les travaux envisagés qui ont été modifiés dans le but de préserver l’existant.
Référence du rapport
Willot 2008 : WILLOT (J.-M.).
Condette, Château d'Hardelot, rue de la Source.
Rapport final d'opération de diagnostic, Dainville : Service départemental d'Archéologie du Pas-de-Calais, 2008. 68 pages, 32 figures. 15 ph.