La mise en valeur et la protection du grand site national des 2 Caps nécessitent des aménagements lourds dans leur réalisation. L’un des projets est de transformer en parking semi enterré la parcelle du Mont d’Hubert en arrière du cap Blanc-Nez sur la commune d’Escalles. Il est prévu de décaisser le terrain sur près de 4 mètres de profondeur afin de dissimuler les véhicules et les cars au regard des visiteurs. Le Service Régional de l’Archéologie a donc prescrit une opération de diagnostic et chargé le Service départemental d’Archéologie du Pas-de-Calais de la conduite de l’opération. Celle-ci s’est déroulée du 26 novembre au 19 décembre 2007 et a mobilisé cinq membres du service.
Une vingtaine de tranchées et 7 fenêtres ont été ouvertes, soit prés de 24 % du 1.7 hectare de la parcelle. Les vestiges archéologiques sont présents sur l’ensemble de l’emprise des travaux. La densité est remarquable, malgré les cratères laissés par les bombardements intensifs de la seconde guerre mondiale.
Le terrain calcaire permet une bonne lecture des structures. Quelques dolines, qui créent des microreliefs, ont été occupés par l’homme qui a peut-être vu dans ces cuvettes le moyen de mieux se protéger des éléments, notamment du vent. Leur colmatage assure une bonne conservation des vestiges moins touchés par l’érosion. Un fossé interrompu, axé nord-sud, large de 3 à 5 mètres et conservé sur 1.20 mètre de profondeur, a été repéré sur 120 mètres de long. Structurant l’espace, il est entouré de chaque côté d’un ensemble de faits anthropiques, fosses et trous de poteaux. Outre deux bâtiments clairement identifiés, la fouille a mis au jour de nombreux alignements de trous de poteau sans qu’il soit possible, dans le cadre du diagnostic, d’établir à ce jour des plans. La fouille du fossé a livré une grande quantité de matériel osseux, lithique et céramique qui laisse présager des études à venir prometteuses. Le mobilier se révèle d’un grand potentiel pour la connaissance de l’environnement, de l’occupation de l’espace par l’homme et pour définir la nature de cette occupation dont une des originalités est l’exploitation des coquillages.
Pour conclure, l’hypothèse proposée est d’interpréter le site du Mont d’Hubert à Escalles comme un site d’habitat de hauteur (150 mètres) dominant la mer et présentant les caractéristiques d’un plateau ceinturé ou "éperon barré". Les premiers indices chronologiques permettent de le rattacher au Néolithique moyen II (entre 4200 et 3500 avant J.-C.).
Référence du rapport
Willot 2008 : Willot (J.-M.). - Escalles Mont d'Hubert. Rapport final d'opération de diagnostic. Dainville : Service départemental d'Archéologie du Pas-de-Calais, 2008. 136 pages, 83 figures, 33 ph.