Le Conseil général du Pas-de-Calais a programmé, dans le cadre du projet du contournement nord Béthune-Lestrem, la reconstruction du pont d’Essars avec un raccordement à la future RD 945. La nature des travaux risquant d’affecter le sous-sol archéologique sur 25 500 m2, le Service régional de l’Archéologie a prescrit une opération de diagnostic archéologique et a désigné le Service départemental d’Archéologie pour conduire l’opération. Celle-ci s’est déroulée du 3 au 7 novembre 2008.
L’opération de diagnostic d’Essars a été l’opportunité d’ouvrir une fenêtre en travers de la vallée de la Lawe, offrant un aperçu de l’anthropisation d’un milieu naturel particulier, une conquête de l’homme qui perdure jusqu’à nos jours.
L’homme était présent dans le secteur dès le Néolithique moyen, comme l’atteste la série homogène de pièces retrouvée dans la tourbe dans un périmètre limité. Les perturbations étaient hélas trop importantes pour espérer caractériser la nature de cette présence (ponctuelle, saisonnière, liée à un habitat ou à l’exploitation de la tourbe).
Les premières traces tangibles d’occupation et probablement d’exploitation du terroir ont été datées de la fin de La Tène ancienne, début de La Tène moyenne. Il s’agit très vraisemblablement de fermes, installées sur les rives orientales d’une zone marécageuse traversée par un cours d’eau (la Lawe). Après un hiatus chronologique, un nouveau domaine s’implante au même endroit au Haut Empire. Enfin, à la fin de l’époque médiévale (13ième-14ième siècle), une ferme est à nouveau construite en bordure de ces terres inondées. Ces dernières sont conquises sur l’eau pour leur exploitation agricole grâce à la mise en place de deux types de réseau fossoyé. De larges tranchées sont creusées au plus près de la rivière sans doute pour drainer le terrain et réduire l’amplitude de son lit majeur. Le deuxième réseau, plus soigné et ordonné, est tracé le long du domaine, non seulement dans le but d’assécher le terrain pour l’exploiter mais également afin de délimiter des courtils. Il s’agit vraisemblablement de becques, ces fossés toujours présents dans le paysage. Dans le cadre de cette opération de diagnostic, limitée dans le temps et contrainte dans l’espace, il n’a pas été possible d’associer à ces trois domaines successifs les vestiges d’habitat et les structures agricoles retrouvés à l’intérieur des enclos. Enfin, participant à cette histoire, les remblais, issus du creusement du canal en 1815, ont été déversés dans le lit majeur de la Lawe dont le cours sinueux, à cette occasion, a été rectifié. Le niveau général a été rehaussé de plus d’un mètre, mettant définitivement les terres agricoles à l’abri des inondations.
L’intérêt de cette opération a été essentiellement de démontrer le potentiel de ces travaux archéologiques et leur apport à la connaissance de l’anthropisation des milieux humides.
Référence du rapport
Willot 2008 : WILLOT (J.-M.). Essars, pont d'Essars, RD 945.
Rapport final d'opération de diagnostic. Dainville : Service départemental d'Archéologie du Pas-de-Calais, 2008. 60 pages, 25 figures.