La Direction de l’archéologie du Pas-de-Calais a procédé, sous la responsabilité d’Hélène Agostini, à une fouille préventive réalisée rue Pierre Jacquart, pour l’extension de la zone d’aménagement concerté de la Motte au Bois à Harnes. Cette fouille a permis la caractérisation de deux principales périodes d’occupation entre la Protohistoire et l’époque moderne.
La première période est princi-palement caractérisée par le creusement de fossés dessinant un parcellaire et délimitant des espaces enclos à fonction agro-pastorale daté de la période laténienne. Un probable chemin bordé de fossés traverse le site du nord au sud et quelques fosses et alignements de trous de poteau ont été repérés.
La seconde période, objet de la prescription, rassemble les vestiges d’un campement militaire du début du 17ième siècle., en lien avec la guerre de Succession d’Espagne et les sièges de la place forte de Douai. Ces vestiges se composent de 86 fosses de taille et morphologie variées pouvant se répartir en deux principaux groupes. Le groupe le plus nombreux est celui des structures de combustion qui ont pour point commun de posséder au moins un foyer adjoint à une fosse peu profonde servant de cendrier. Certaines se limitent au foyer formé d’une simple cuvette de combustion. Les fonctions de chauffage, d’éclairage ou artisanale sont envisageables pour ces structures de combustion mais c’est la fonction culinaire qui a clairement été identifiée pour 25 d’entre elles. Le deuxième groupe est caractérisé par des creusements plus profonds, à l’origine position-nés sous une tente ou une baraque. Ces excavions sont régulièrement dotées d’une cheminée installée dans une excroissance et certaines présentent des banquettes sur tout leur pourtour, sans doute destinée à la station assise. Plusieurs de ces fosses ont pu servir de logement, de cantine pour la prise des repas en commun ou d’espace de stockage. D’autres types de fosses sont présentes. Certaines ont été identifiées comme des cendriers, d’autres pourraient avoir servies de dépotoir ou de latrines. Ces structures s’organisent en quatre alignements peu rigoureux mais toutefois parallèles divisés perpendiculairement en deux espaces par un double fossé de plus de 50 m de long. La vie dans le campement militaire n’est que très peu documentée par le mobilier archéologique, quasiment absent, mais les études anthracologique, carpologique et archéozologique réalisées sur les restes issus du tamisage des niveaux de foyer ont apporté de précieuses informations sur les combustibles utilisés et l’alimentation des troupes.
Les résultats de cette fouille complètent les connaissances sur les campements militaires modernes accumulées ces vingt dernières années grâce à l’archéologie préventive dans la région et plus largement dans le nord de l’Europe. Ces découvertes archéologiques viennent nourrir un domaine d’étude développer dans l’axe 14 de la programmation nationale de la recherche archéologique : « l’archéologie des contextes militaires ». Elles alimentent des questionnements sur la vie quotidienne des troupes hors des périodes d’affrontement ou la gestion des ressources humaines et matérielles.
Référence du rapport
Agostini et al. 2023
AGOSTINI H. (D.), BEAUCHAMP A., BOUTTEAU D., CHOMBART J., DEWITTE O., JEDRUSIAK F., WICHA S.,
Harnes (Pas-de-Calais), «ZAC de la Motte au Bois», rue Pierre Jacquart, un campement militaire du début du 18ième siècle,
Rapport final d’opération de fouilles, Dainville : édition Direction de l’archéologie du Pas-de-Calais, 424 pages, 324 figures.