Le diagnostic archéologique des abords de l’église Saint Omer de Lisbourg, dans le prolongement de la rue du Prieuré, portant sur une emprise de 2600 m², a révélé une occupation médiévale et moderne dense et stratifiée sur environ 1,50 m d’épaisseur, dont les premiers éléments datés remontent au 13ième siècle.Les vestiges découverts se concentrent sur une surface d’environ 1000 m² au sud de l’emprise prescrite. La zone nord correspond à la mise en place de remblais de nivellement, relevant artificiellement le niveau de circulation par rapport à celui de l’église et de ses abords.
A l’emplacement de l’église Saint Omer s’élevait, à la période médiévale, la chapelle du prieuré. Les offices religieux y ont été transférés suite à la destruction de l’église du Vieil Âtre par les armées de Charles Quint à la fin du 16ième siècle. La chapelle est agrandie au 17ième siècle, devenant l’actuelle église Saint Omer. Le presbytère a probablement été construit de manière plus ou moins concomitante avec le nouvel édifice religieux dans le courant du 17ième siècle également. Cette proposition est confortée par la découverte d’une inscription « 1684 » lisible dans la cave du presbytère.
Il semblerait ainsi que le village et l’église primitifs de Lisbourg se situaient à environ un kilomètre au sud du bourg actuel, au Vieil Âtre. Partiellement détruits, ils se sont déplacés à la fin du 16ième siècle vers leur emplacement actuel, à proximité de la source, là où ne s’élevait, a priori, que le prieuré. Les vestiges bâtis découverts lors du diagnostic revêtent ainsi une fonction religieuse probable, relevant d’une communauté établie aux sources de la Lys au moins depuis le 13ième siècle.
Les vestiges liés au prieuré médiéval
Les premiers indices d’occupation sont datés entre le milieu 13ième et la fin 14ième siècle (Phase 1). Ils se caractérisent par un ensemble ténu de vestiges regroupant un lambeau de sol, quelques maçonneries et une fosse. Ils sont en partie recoupés par l’installation d’un premier bâtiment se développant au sud-est de l’emprise.
La Phase 2 regroupe une succession de 4 édifices érigés entre le 15ième siècle et le milieu du 16ième siècle. Probablement détruit lors d’un incendie, le premier bâtiment est reconstruit, en reprenant en grande partie le plan précédent, et notamment les murs gouttereaux. Le pignon occidental est cependant largement avancé vers l’est et agrémenté d’une cheminée massive. A l’est de ce nouvel édifice, une autre construction entièrement récupérée pourrait avoir fonctionné de manière synchrone avec lui.
A l’abandon de ces deux ensembles bâtis, un nouveau bâtiment est érigé sur fondation de craie, légèrement plus au nord. Il sera suivi par une autre construction sur fondation de rognons de silex et un décalage progressif vers le nord des constructions postérieures à la période moderne et contemporaine est observé, se rapprochant petit à petit du presbytère actuel.
Entre la deuxième moitié du 16ième siècle et le milieu du 17ième siècle, tous les bâtiments sont détruits à l’exception d’un seul identifié sur le cadastre napoléonien (Phase 3). Les vestiges identifiés sur le terrain correspondent ainsi à des niveaux de remblai ou de démolition.
Le presbytère moderne et contemporain
Sur le terrain, de nouvelles fondations de murs ont été mises au jour attribuables à la période moderne, dans le prolongement septentrional des édifices précédents. Le plan de ce bâtiment, dont la construction est probablement concomitante au presbytère actuel, est visible sur le cadastre napoléonien (Phases 4 et 5).
La rareté des sources historiques conservées et la probable disparition des documents cartographiques rendent encore plus précieux ces vestiges archéologiques, derniers témoins du prieuré de Lisbourg. L’étude approfondie de ces vestiges permettrait de mieux appréhender le cadre chronologique de fondation et de développement du prieuré médiéval, ainsi que le mode de vie de la confrérie (arrouaisienne ?) qui s’y était établie.
Référence du rapport
Panloups et al. 2017 : Panloups.E, Agostini.H, Dewitte.O,
Lisbourg (Pas-de-Calais), Rue du Prieuré,
Rapport final d’opération de diagnostic, Dainville : Direction de l’Archéologie du Pas-de-Calais, 110 pages, 71 figures.