À la fin du mois de juin 2011, le Centre départemental du Pas-de-Calais est intervenu à l’est de la commune de Longuenesse. Le terrain très perturbé par le démantèlement d’un centre commercial, uniquement 15 tranchées ont été creusées pour une surface prescrite d’un peu moins de 7 hectares. Sur la partie nord du terrain, environ 2 hectares, peu touchée par les aménagements contemporains, des vestiges évoquant le passé moderne de Saint-Omer ont été dégagés. Ils se matérialisent essentiellement par des maçonneries, le mobilier étant quasiment absent. En bon état de conservation, les murs renvoient de façon précise à des parties situées sous le niveau de parapet d’un bastion, de demi-lunes et à l’aménagement d’une contrescarpe. Ils sont construits en briques rouges, en moellons de calcaire et en pierre pour l’angle du bastion. Les parements ont été repérés ponctuellement jusqu’à 3 m de profondeur. Les constructeurs ont utilisé la technique de la terre armée qui consiste à enchâsser des murets (des contreforts) dans un talus de terre et de plaquer ensuite un parement afin de contenir la terre.
Grâce aux documents anciens notamment un plan de 1708, les vestiges sont associés à l’ouvrage à cornes situé à l’avant sud-est des fortifications de Saint-Omer. Il est connu sous le nom de Fort Maillebois (nom conservé dans la toponymie contemporaine) mais également de Notre Dame de Grâce. La construction de cet ouvrage date d’après le passage de Vauban à Saint-Omer le 11 juin 1677 à la suite de l’intégration de la ville dans le royaume de France. Saint-Omer possédait déjà un système de défense bastionné depuis le XVIe siècle, Vauban préconise son amélioration avec la construction d’ouvrages d’avancées. Leur but est de ralentir les assauts vers la place forte mais également dans le cas du Fort Maillebois de protéger les digues qui retiennent les eaux des zones inondées qui se développent à l’est sur la commune de Longuenesse et d’Arques. Les soldats basés sur le Fort Maillebois pouvaient repousser les assiégeants qui tentaient de percer les retenues d’eaux parties intégrantes du dispositif de défense. Le Fort sera démantelé à partir de 1889, année de la loi promulguant le déclassement des fortifications de Saint-Omer afin de pouvoir organiser l’extension urbaine.
Les structures identifiées à l’occasion de l’opération de diagnostic viennent compléter les rares mètres de rempart Vauban visibles dans le jardin public qui témoignent de l’histoire militaire de Saint-Omer et ses alentours.
Référence du rapport
Masse 2011 : MASSE (A.).
Longuenesse, avenue Léon Blum, Fort Maillebois.
Rapport final d'opération de diagnostic. Dainville : Centre départemental d'Archéologie du Pas-de-Calais, 2011. 63 pages, 37 figures.