Sur prescription du Service régional de l’Archéologie du Nord-Pas-de-Calais, le Centre départemental d’archéologie a effectué un diagnostic sur l’emprise d’un projet d’aménagement de lotissement à Marquise. Le projet, porté par la société Agora est localisé Plaine du Canet. Le terrain est situé entre la route départementale 231, la rue Pasteur et la rue du Canet sur une emprise de 165 823 mètres carrés.
L’opération s’est déroulée du 4 novembre au 20 novembre 2013. Au total, 40 tranchées ont été réalisées, soit une superficie de 19 035 mètres carrés, correspondant à 11,48 % de la surface prescrite, et 13 fenêtres complémentaires qui totalisent 809 mètres carrés. Ainsi, la surface diagnostiquée s’élève à 19 844 mètres carrés, ce qui correspond à 11,97 % de l’emprise du projet.
Trois secteurs se sont révélés positifs. La nature des structures et le mobilier archéologique associé permettent de distinguer deux grandes phases chronologiques. La Tène finale est représentée par une occupation à la fois domestique et funéraire ; la période gallo-romaine se caractérise par la présence d’un réseau fossoyé associé à un chemin ainsi qu’un bûcher funéraire isolé.
Les vestiges mis au jour sont situés pour l’essentiel sur la partie haute du terrain, à l’emplacement d’un faux-plat dont l’altitude varie de 45,50 mètres à 47 mètres NGF sur le secteur ouest de l’emprise et entre 45,50 mètres et 50 mètres NGF pour le secteur est. Le bûcher funéraire gallo-romain est quant à lui situé en limite nord du terrain, sur le point le plus haut, à 53,70 mètres NGF.
L’occupation laténienne couvre 2,6 hectares et comprend des vestiges liés à un habitat ainsi que des structures relevant du monde funéraire. Apparaissant entre -0,40 mètre et -0,50 mètre sous le niveau de sol actuel, les structures sont préservées sur 0,20 à 0,30 mètre de profondeur pour le secteur d’habitat et entre 0,05 et 0,20 mètre pour le secteur funéraire. Certaines structures funéraires apparaissent également directement sous la terre végétale.
La zone domestique est caractérisée par une série de fossés et de fosses qui comportent du mobilier céramique à la fois en surface et dans leur comblement. Des niveaux probables de circulation ont également été repérés en différents endroits ainsi qu’une potentielle mare. Les vestiges céramiques sont datés de La Tène finale. Les éléments les plus représentatifs de ce corpus correspondent à des pots ovoïdes à col mouluré, des pots ovoïdes à bord rentrant et des vases de stockage. Ce lot s’inscrit bien dans le répertoire régional de la céramique de la fin du second âge du Fer.
De nombreux exemplaires de ces types ont été découverts, entre autres, sur les sites de Wissant, de Coquelles, de Conchil-le-Temple d’Ardres ou encore de Marquise sur le site du Mont de Cappe situé à 500 mètres à l’ouest de la Plaine du Canet. La présence de décors peignés, de moulures et de finitions au tour lent sont tout à fait caractéristiques de cette période. L’absence de céramique tournée de facture gallo-romaine vient renforcer cette datation de la fin de la Tène finale.
Les formes céramiques renvoient au vaisselier domestique, en particulier de stockage, appartenant très probablement à un habitat.
En périphérie nord de cette occupation, 12 structures funéraires ont été mises au jour. Ces fosses recouvrent les différentes étapes liées à la crémation. Quelques structures de type fosse cendrier sont associées à des fosses de crémation caractérisées par leurs bords rubéfiés. Enfin, deux tombes à dépôt secondaire ont été mises au jour ; l’une d’elles comprenait un amas osseux dans un contenant périssable avec trois anneaux en alliage cuivreux et un pot en céramique modelée.
Les vestiges de la période gallo-romaine couvrant 7000 mètres carrés sont caractérisés par un réseau fossoyé associé à un chemin. Situés le long de la rue du Canet, en bordure occidentale de l’emprise de diagnostic, ces vestiges sont relativement arasés et doivent être mis en relation avec une occupation sur les parcelles voisines ainsi qu’avec l’important site des 1er - 4ième siècles fouillé en 2008 et 2011 le long de l’avenue Ferber à 500 mètres.
En limite nord-est de la Plaine du Canet, un bûcher funéraire gallo-romain a été mis au jour. Il s’agit d’un bûcher en fosse comprenant une niche sur un de ses côtés. L’absence de dépôt secondaire ajoutée à la représentation pondérale des restes osseux ne permet pas d’affirmer qu’il s’agit d’une tombe-bûcher ; il est également impossible d’affiner la datation de cette structure.
De nombreux parallèles existent en Gaule septentrionale pour ces structures funéraires découvertes lors de diagnostics archéologiques et souvent isolées. Des opérations récentes ont cependant révélé que certains bûchers découverts isolés ou par groupes de deux ou trois lors de diagnostics appartiennent en fait à des nécropoles dont les espaces de circulation ménagent de grands vides entre des groupes de structures ou des structures seules.
Citons les exemples de Fouquereuil-les-Béthune - Voyette d’Annezin ou encore de Bruay-la-Buissière - Porte Nord. Le bûcher de Marquise, Plaine du Canet, n’est peut-être pas isolé. Situé en périphérie du plateau localisé au nord de l’emprise, il appartient peut-être à un ensemble plus vaste de structures funéraires.
L’opération archéologique menée sur la Plaine du Canet s’inscrit dans la continuité de la compréhension de ce secteur pour les périodes laténienne et gallo-romaine, notamment en ce qui concerne la phase de transition. L’occupation augustéenne fouillée à l’ouest de l’avenue Ferber a révélé un système d’enclos qui s’étend à l’est de cette même avenue (Maniez 2012), en direction de l’emprise du présent diagnostic. Ainsi, la mise au jour d’une occupation à la fois domestique et funéraire, datant de La Tène finale, à 500 mètres à l’est de ce site indique qu’il y a eu déplacement de l’occupation vers l’ouest ou abandon. Une transition existe peut-être entre la fin de La Tène Finale et la période augustéenne à Marquise, à la fois pour les espaces d’habitat et les espaces funéraires.
Référence du rapport
MERKENBREACK (V.), MANIEZ (J.), AFONSO-LOPES (E.), MEURISSE-FORT (M.)
Marquise, Plaine du Canet,
Rapport final d’Opération de diagnostic, édition Centre départemental d’Archéologie du Pas-de-Calais, Dainville, 2014, 114 pages, 54 figures.