Archéologie - Pas-de-Calais le Département
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Oye-Plage, Porte des Petits Moulins, Phase 2, 2016, diagnostic

Le projet d’«éco quartier» élaboré par la Société NEXITY sur la commune de Oye-Plage a fait l’objet d’une prescription du Service Régional de l’Archéologie. Cette intervention, menée par la Direction de l’Archéologie du Pas-de-Calais, s’est déroulée en deux phases. Une première phase réalisée en mars 2015 (qui s’est avérée négative d’un point de vue archéologique) et une seconde qui s’est déroulée du 14 au 21 mars 2016. Le site diagnostiqué est situé au sud du Platier d’Oye. Il est traversé du nord au sud par un feuilletage géologique marin où s’interstratifient une zone sableuse, une zone intermédiaire et une vasière, à laquelle se mêlent des vestiges archéologiques.
Vingt et une tranchées linéaires et dix extensions ont été réalisées, représentant une surface d’ouverture de 11 670 m2 pour une superficie totale de 99 670 m2, soit 11,72 % de la zone diagnostiquée. Le diagnostic a mis en évidence 440 unités d’enregistrements concentrées dans la partie nord-est et dans la partie nord-ouest du site. Un grand nombre de structures rencontrées sur ce site a permis, par datation de la céramique associée, d’identifier trois périodes chronologiques. Les indices d’occupations sont de nature assez variée que ce soit en terme de structures (fossés, fosses, remblais) ou par la diversité du mobilier rencontré (céramique, faune, TCA, mobilier métallique). Toutefois, même si toutes les structures n’ont pu être sondées, la totalité a néanmoins fait l’objet d’un ramassage de mobilier visible à la surface des comblements.
La première période d’occupation rattachable aux 10ième – 12ième siècles se caractérise par la présence de deux fossés. Bien que de dimensions et d’orientations différentes, ces structures évoquent les traces d’un réseau parcellaire.
La deuxième période, datée du bas Moyen Âge, se définit par un réseau parcellaire présent dès le 13ième siècle avec quelques fosses et niveaux associés, qui attestent éventuellement d’un habitat. Cet aménagement se met en place de façon claire au cours du 14ième siècle, comme en témoignent les fossés (UEs 3000, 4000 et 5000) et les celliers (UEs 1155, 1157, 2187) mis au jour. Il est difficile, en l’état actuel des données, de savoir s’il s’agit de celliers sur fond de jardin ou de celliers sous bâtiments. Le mobilier céramique découvert dans les comblements présente un échantillon de céramiques domestiques (comme des poêles / poêlons, couvre-feu, bassin...). Cet ensemble cellier / fossé paraît fonctionner ensemble. La présence de ces celliers, du mobilier associé (faune, céramique, métal ferreux, TCA, brique) laisse suggérer une zone de bâti très arasée. Cet ensemble est daté, d’après le mobilier céramique, de la fin du 13ième au 15ième siècle. De ce fait, la continuité de l’occupation est envisageable, avec peut-être une implantation sur site qui remonterait au 10ième siècle.
Les fossés sont scellés, à l’époque moderne, par des niveaux très épais et très riches en mobiliers archéologiques. A ce jour, ces grands niveaux d’épandage (UEs 1042 et 1052) restent indéterminés. En effet, on ne peut dire, s’ils sont caractéristiques d’une occupation ou s’ils correspondent à de simples dépôts de terre.
L’intervention archéologique a permis de mettre en exergue une occupation dense et multiple de l’ensemble du site à la période médiévale. Le réseau parcellaire structuré du bas Moyen Âge, associé aux celliers, est le témoin d’un probable habitat. Plusieurs hypothèses peuvent être abordées. La première permet de supposer que l’habitat autour du château (bien que non situé précisément) pouvait s’étendre aux 14ième et 15ième siècles, perdurer et se rétracter aux 16ième et 17ième siècles, à cause des périodes troubles par exemple. La seconde, que n’ayant aucune trace de l’habitat dans les récentes investigations menées sur la commune, on peut supposer que l’habitat se trouvait à cet emplacement. Les vestiges mis au jour lors de cette opération sont proches du schéma classique du développement des villages médiévaux (Willot, Bernez, Severin 2013 ; Julien, Willot 2013). La poursuite de l’intervention permettrait sans nul doute d’approfondir nos connaissances sur ce type de bâti médiéval, peu connu sur le littoral.

Vue de la tranchée.

Référence du rapport

Laetitia DALMAU (direction), Hélène AGOSTINI, Jérémie CHOMBART, Murielle MEURISSE-FORT, Laurent WILKET
Oye-Plage (Pas-de-Calais), «Porte des Petits moulins», «Phase 2».
Rapport final d’opération de diagnostic, édition Direction de l’Archéologie du Pas‑de‑Calais, Dainville, 2016, 121 pages, 52 figures.