Archéologie - Pas-de-Calais le Département
Les informations contenues dans cette page ne sont valables avec certitude que jusqu'à cette date et heure.

Saint-Martin-d’Hardinghem, "Barrage Legrand', 2016, Fouille, une résidence de campagne des évêques de Thérouanne

Le site, occupé aux 14ième et 15ième siècles, est implanté dans la plaine alluviale, en bordure de l’Aa, dans un contexte humide de nappe phréatique affleurante. Le contexte géomorphologique est caractérisé par une base de grave alluvionnaire de silex recouverte par une couche de tourbe.

L’organisation générale de l’occupation se présente sous la forme d’un enclos ceint de murs en pierre, d’une partie agricole et d’une résidence aristocratique. Les fondations présentent des caractéristiques communes. Elles percent les niveaux de tourbe pour s’asseoir sur le gravier sous-jacent à des profondeurs variant de 1,00 m à 1,70 m. Elles sont composées d’un blocage de moellons de craie, puis d’assises de rognons de silex épannelés liées au mortier. Les bases des élévations sont quant à elles constituées de bloc de craie équarris et de quelques grès.

Le mur de clôture a connu au moins trois états successifs. À la dernière phase y est accolé un bâtiment de plan carré de 5,00 m de côté. Si sa fonction de tour ne peut être confirmée, des latrines y sont associées. Elle présente la particularité originale d’être dotée d’un fond à pan incliné et d’un exutoire se jetant dans la rivière.

La partie agricole comprend plusieurs entités. Un grand bâtiment de 15 m x 25 m avec un porche d’entrée ouvrant sur une grande cour centrale présente la caractéristique d’avoir un espace intérieur cloisonné par des murs de refend espacés de 3,m en moyenne. Il est possible qu’il s’agisse d’une écurie. Accolée à cette grande bâtisse, une petite unité d’habitation comprend une salle avec sol carrelé, une autre avec un sol en chaux.

La partie résidentielle aristocratique est composée d’une grande salle d’apparat, d’une galerie, d’une cuisine, d’un bâtiment annexe et d’une petite cour. La grande salle mesure 8 m de large sur 18 m de long. Sa couverture est supportée par deux colonnes disposées selon un axe central. Le mur nord dispose d’une cheminée monumentale semi-encastrée dont la sole est construite en tuiles posées de chant. Un passage, dans ce même mur, donne accès à la galerie mesurant 4 m de large. Ces deux pièces possèdent un sol en carreaux de pavement décorés. La variété des motifs est importante et les carreaux sont disposés en panneaux séparés par des bandes monochromes. Dans le couloir, les motifs décoratifs sont moins variés et l’organisation des panneaux utilise des carreaux découpés formant des motifs géométriques. La cuisine se caractérise par la présence d’une aire de cuisson centrale. La sole constituée de tuiles posées de chant est de plan carré et mesure 3 m de coté. Elle est entourée par une rangée de blocs de craie et un espace de circulation dallé de plaquettes de grès.

La partie résidentielle est entourée de douves mesurant 15 m de large dotées de murs d’escarpe et de contre-escarpe. Leur comblement est constitué d’une alternance de couches de vase, de tourbe et de pierres provenant de l’effondrement des élévations des bâtiments. Un pont en bois permettait de relier la cour de la résidence à celle de la ferme.

Le milieu anaérobique a permis la conservation de ses pieux, au nombre d’une trentaine, dont l’analyse dendrochronologique permet de préciser la datation.

Références du rapport

Guy Flucher (Inrap), Laetitia Dalmau (Conseil Déparmental du Pas-de-Calais),

Barrage Legrand, Saint-Martin d’Hardinghem

Rapport de Fouille, édition Inrap Haut-de-France, 2021, 584 pages.