La Communauté d’agglomération du Pays de Saint-Omer, propriétaire de la chapelle des Jésuites, projetait de transformer l’ancien édifice religieux, en un espace culturel. Les travaux, engagés dès 2013 après l’accord de la Conservation régionale des Monuments Historiques, ont conduit, suite à la dépose en 2016 du sol dans la chapelle nord du narthex, à la découverte de massifs de fondation. Alerté, le Service régional de l’Archéologie a interrompu les travaux en cours dans les chapelles et prescrit une fouille. La fouille archéologique qui a été confiée à la Direction de l’Archéologie du Pas-de-Calais, a été réalisé en janvier 2017 sous la conduite de Jean-Michel Willot.
L’opération, limitée dans l’espace, a néanmoins livré des informations sur des pratiques architecturales qui afférentes à l’ensemble du monument.
En premier lieu, le type de fondation repéré en façade de l’édifice, des caissons formés par un maillage dense de murs à ressauts et comblés par des remblais, a été très vraisemblablement adopté sur l’ensemble de la chapelle pour répondre aux contraintes d’une topographie accidentée conjuguée à d’un sous-sol argileux. Cette technique a permis de constituer une plate-forme plane et stable pour recevoir les élévations.
En deuxième lieu, l’examen de la stratigraphie a révélé l’adaptabilité d’un projet qui est modifié en fonction des problèmes rencontrés ou de décisions prises d’ordre architectural voire esthétique. Ainsi, au cours des travaux, alors que les murs gouttereaux étaient dressés en partie ou totalement, une évacuation d’eau qui perce sans soin les maçonneries, est installée dans les deux pièces occidentales pour répondre à un besoin qui reste à définir en l’état de l’avancée de l’étude.
Enfin, l’apport notable de cette opération est la mise en évidence de l’abandon d’un projet de tour en façade pour accéder à la tribune au profit d’escaliers montés à l’intérieur des chapelles occidentales. Ces derniers étaient fondés sur des massifs installés au centre des pièces. Cette décision repose vraisemblablement autant sur des impératifs structurels (alléger ou répartir la charge des élévations) que des choix esthétiques (garder une symétrie en façade).
Cette fouille aura donc permis d’acquérir une connaissance plus fine de l’histoire de cet édifice emblématique de Saint-Omer grâce à une approche croisée des plus fructueuse, entre l’archéologie, les archives et l’étude du bâti.
Référence du rapport
WILLOT (J-M.) dir, GUIDI-RONTANI (G.), MEURISSE-FORT (M.),
Saint-Omer, La chapelle des Jésuites,
Rapport final d'opération de fouilles préventives, édition Direction de l'Archéologie du Pas-de-Calais, Dainville, 2018, 108 pages, 56 figures.