Archéologie - Pas-de-Calais le Département
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Saint-Omer, Îlot Banque de France, Place Foch, 2016, diagnostic

Dans le cadre de sa politique de réhabilitation du coeur de ville, la Communauté d’Agglomération de Saint-Omer projette de créer des logements et des commerces à l’emplacement de l’ancienne Banque de France localisée place Foch. Le diagnostic archéologique, réalisé par la Direction de l’Archéologie du Pas-de-Calais, s’est déroulé en deux phases. Des sondages ont été effectués dans le jardin à l’arrière la Banque de France à l’emplacement d’un futur parking. Cette campagne a été suivie par un examen du bâti du sous-sol de l’immeuble.

Les sondages à l’arrière de l’immeuble de Banque de France

Les tranchées dans le jardin (5 au total) ont principalement mis au jour des remblais épais (2,50 m) et deux celliers modernes. Des sols de cours du bas Moyen Âge et une tranchée de fondation fantôme ont été dégagés sous ses remblais dans un sondage. Ces vestiges médiévaux se situent sous le fond de forme du futur parking. Les séquences stratigraphiques de la période moderne révèlent des phases de démolition suivies par un rehaussement du terrain avec apport de terre végétale avant la construction des celliers et de murs de fond de parcelle. Des différences ont été observées dans ces enchaînements stratigraphiques qui signalent un cloisonnement nord-sud du secteur lié à un parcellaire en place à l’époque moderne. Les constructions modernes (celliers et bâtis) sont détruites lors de la construction du bâtiment de la Banque de France et du regroupement parcellaire ; les remblais de démolition ont été laissés sur place puis le terrain a été nivelé avec l’apport d’une terre de jardin.

L’étude du sous-sol de la Banque de France

L’objectif de cette phase de travail était de réaliser une première analyse des éléments architecturaux du sous-sol, appuyée sur une campagne de relevés du bâti, une couverture photographique et des sondages ponctuels. Le sous-sol a été fortement modifié lors de la construction de l’agence de la Banque de France pour y installer les archives et une salle des coffres. Des nouvelles caves ont été creusées, d’anciennes pièces ont été transformées, les murs ont été enduits, des conduits ont été posés et des percements ont été effectués entre les salles. L’intervention archéologique a été conduite en fonction de ces contraintes. Un relevé topographique a été préalablement réalisé, complété par une couverture photographique pour une modélisation 3D du sous-sol. Les enduits ont été enlevés à certains endroits pour identifier la nature des matériaux et les modes de construction des murs.
La configuration d’origine de la cave médiévale a pu être identifiée. Son plan est à l’origine rectangulaire, large de 8,60 m et longue de 15,20 m (133 m²), perpendiculaire à la place Foch et d’un seul niveau. Elle est formée de deux nefs d’égales largeurs (4,20 m) et trois travées, longues de 4,90 m (sur rue), 5 m et 5,30 m. La cave était accessible uniquement de la place par une descenderie, large de 1,50 m et longue de 3,60 m, située dans l’angle sud-ouest de la nef occidentale. Une pierre calcaire tendre a été employée pour les murs longitudinaux et de façades ainsi que le couvrement. Les supports sont en grès. Les enduits présents sur les murs ne sont pas d’origine ; ils ont été posés lors des travaux du 19ième siècle. Le voûtement, conservé dans la nef occidentale et partiellement dans la nef orientale, est composé de six voûtes à croisées d’ogives plates et fourrées à quatre quartiers. Ces derniers sont formés de carreaux montés en appareillage courant. Les voussoirs des ogives, larges de 0,15 m et longs de 0,30 m sont épannelés à chanfrein. La clef est plate et à quatre branches ogivales. Les doubleaux sont de configuration identique à celle des ogives. En revanche, la jonction des quartiers avec les murs est marquée par des formerets de section circulaire de 0,12 m de large. Les ogives reposent dans les murs sur quatre types de culs de lampe en grès. Des chapiteaux ont été systématiquement employés, assis sur trois supports engagés différents (des assises de pierre, des colonnes et des tambours) ou sur une colonne et une base adossées. Les deux supports axiaux sont constitués d’un tailloir octogonal à onglet entre deux cavets, d’un chapiteau à crochets et astragale et d’une colonne monolithique.

La cave de la Banque de France est de configuration similaire à celle des caves dites gothiques recensées sur Saint-Omer. Le plan rectangulaire à deux nefs et trois travées se retrouve pour la majorité de ces sous-sols dont la construction est liée à l’essor marchand et économique de la ville médiévale. La cave de la Banque de France localisée place du Marché (Place Foch) est sans nul doute l’un de ces lieux de stockage créés pour les biens marchands. Bien que transformée à de nombreuses reprises, elle demeure dans un remarquable état de conservation sous ses enduits et ses cloisonnements tardifs et constitue un témoin architectural majeur de ce type d’aménagement.

la modélisation 3D du sous-sol de la Banque de France.

La modélisation 3D du sous-sol de la Banque de France.

Référence du rapport

Willot (J.-M.) avec la participation de Boutteau (D.), Louiso (I.), Meurisse-Fort (M.), Morreale (J.-R.) et Wilket (L.)

« Saint-Omer, Îlot de Banque », Place Foch

Rapport final d’opération de diagnostic, Dainville : Direction de l’Archéologie du Pas‑de‑Calais, 2016, 110 pages, 63 figures.