La Communauté d’Agglomération de Saint-Omer projette de se doter d’un équipement culturel et touristique à l’emplacement de l’ancienne demeure d’Alexandre Ribot située Enclos Notre-Dame à Saint-Omer. Ce projet et son impact sur le sous-sol ont conduit le Service Régional de l’Archéologie des Hauts-de-France a prescrire un diagnostic qui a été réalisé par la Direction de l’Archéologie du Pas-de-Calais sous la conduite de Jean-Michel Willot. L’enjeu de l’opération de diagnostic de la Maison Ribot était de déterminer la nature d’un sous-sol archéologique difficile d’accès en raison des contraintes environnementales importantes (présence de construction, surface d’intervention réduite et accidentée). En combinant les données issues de sondages mécanisés, manuels, de carottages de sol et d’étude des caves, il est possible de proposer un état de conservation de ce sous-sol.
Le site de la Maison Ribot est localisé dans le castrum carolingien, entre la Motte Sithiu au sud-est, l’enclos abbatial au nord et les fortifications au sud-ouest. Elle fait partie des maisons claustrales appartenant à la communauté de chanoines qui desservaient la cathédrale Notre-Dame entre 1559 et 1790, au sein d’un enclos dont l’origine probablement remonte à la fondation de l’abbatiale de Saint-Omer.
Les sondages mécanisés et manuels n’ont pas permis pour des raisons de sécurité d’observer des vestiges antérieurs à la fin du Moyen Âge. Les sondages dans la maison ont révélé une succession de sols et de murs dans un bon état de conservation sur 1,50 m de profondeur datés entre le bas Moyen Âge et la construction de la Maison Ribot au 19ième siècle. Cette stratification est certainement plus importante, près de 6 m comme semble le montrer l’échantillon d’un carottage réalisé dans la maison. Des vestiges antérieurs aux 14ième-15ième siècles, remontant à l’implantation du castrum sont donc envisageables sous une grande partie de l’édifice, soit sur près de 180 m².
A l’extérieur de la Maison Ribot, les sondages ont livré des résultats sensiblement identiques : des vestiges datés entre le bas Moyen Âge et le 18ième siècle (avant la construction de la Maison Ribot), bien conservés et de qualité (maçonneries massives et le pavage). Deux carottages ont également établi qu’une stratigraphie est préservée dans certains secteurs sur 6 m de profondeur et sur une surface de 100 m² à 160 m². Ailleurs, le sous-sol est occupé par des caves de la fin du bas Moyen Âge et modernes.
Les vestiges repérés, des murs de construction soignée et de grandes dimensions, attestent un bâti de qualité. Ils sont conservés parfois à l’état d’élévation. Les caves forment un réseau important qui surprend sur une petite surface (autour de 20 % de la parcelle). Ces constructions qui sont mal datées à Saint-Omer constituent un témoignage du statut particulier des occupants ou de leur activité. Car selon les sources historiques, l’une des seize maisons claustrales attestée dès le 17ième siècle, la maison du Doyen, est localisée à l’emplacement de la parcelle diagnostiquée. La transmission de ces biens, peu nombreux pour une communauté de 30 chanoines, réalisée après décès ou par la vente, a sans doute permis de les pérenniser. Il est possible que la propriété appartienne au chapitre dès le 13ième siècle. Les découvertes réalisées lors du diagnostic constitueraient un exemple rare d’un bâti remarquable appartenant à une communauté de chanoines.
Le tronçon du mur moderne devant la Maison Ribot est localisé à l’emplacement supposé des quatre fortifications médiévales construites entre le 9ième siècle et 13ièmee siècle. L’étude des carottages a révélé la présence potentielle d’une structure ancienne reprise lors des travaux sur la fortification au 18ième siècle. L’enceinte urbaine de Saint-Omer reste largement méconnue, même pour les périodes modernes. Des observations archéologiques effectuées lors du percement de la galerie permettraient de réaliser des études de matériau et de bâti et compléter ainsi les données issues des opérations archéologiques réalisées en 1997 rue de Thérouanne.
Référence du rapport
Willot (J.-M.) avec la participation de Meurisse-Fort (M.) et Wilket (L.)
Saint-Omer, Maison Ribot,
Rapport final d’opération diagnostic, édition Direction de l’Archéologie du Pas‑de‑Calais, Dainville, année, 129 pages, 64 figures.