Archéologie - Pas-de-Calais le Département
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Saint-Omer, Motte castrale, place Sithieu, 2013, diagnostic, édifice castral

La motte castrale de Saint-Omer

La ville de Saint-Omer s’est portée acquéreur en 2012 de la propriété de la Motte, Place Sithieu, avec le projet de restaurer l’édifice et de valoriser le site. La collectivité prévoit notamment de transformer le bâtiment carcéral du 18ième siècle en résidence d’artistes. Le site constitue actuellement un écrin de verdure et patrimonial de 6000 mètres carrés, localisé au cœur de la ville et épargné par l’urbanisation, que la collectivité souhaite préserver en engageant des travaux de faible ampleur. Compte-tenu de l’impact potentiel sur le sous-sol de l’aménagement, le Service Régional de l’Archéologie a prescrit un diagnostic archéologique qui a été réalisé par le Centre départemental d’archéologie du Pas-de-Calais du 04 juin au 07 juin 2013.

L’objectif du futur projet étant de préserver l’environnement naturel et patrimonial du site, le diagnostic a été entrepris, en concertation avec le Service Régional de l’Archéologie, de manière raisonnée et le moins intrusif possible en effectuant les sondages à l’emplacement précis des aménagements (rampe, parking et voie de circulation). Une attention toute particulière a été portée sur le secteur impacté par la rampe et le parking. Ainsi, 13 tranchées larges de 1 mètre et d’une profondeur comprise entre 1,50 mètres et 0,40 mètre ont été réalisées, portant le taux d’ouverture à 3,13 % de la surface prescrite. Le diagnostic a permis de caractériser le sous-sol des zones mises en danger par le projet et d’appréhender en partie l’histoire du site.

Contexte historique

Le site diagnostiqué occupe un promontoire de 6000 mètres carrés dominant la ville sur une hauteur de 10 mètres, en limite sud-est du castrum. Actuellement, il ne subsiste plus aucun vestige architectural du passé castral du site. La motte Sithieu est le siège de la châtellenie de Saint-Omer depuis le 11ième siècle. A la fin du bas Moyen Âge, le fief de la châtellenie qui est réduit à celui de la motte relève directement du bailli avant qu’en 1386, la charge de châtellenie soit définitivement rattachée à celle du bailli. Le site est encore en partie occupé par les baillis jusqu’à la fin du 15ième siècle. Par la suite, les bâtiments sont partiellement détruits, la courtine abattue, et les matériaux réemployés pour la nouvelle porte d’Arques. Le site conserve néanmoins sa fonction militaire et prend place dans le système défensif du bastion de Saint-Croix en devenant un cavalier d’artillerie dans le courant du 17ième siècle. Des plateformes de tir orientées vers l’extérieur de la ville, sont d’ailleurs figurées sur le plan de Belin de 1695 et sur le plan en relief de 1758. En 1762, une prison est construite à l’emplacement de l’édifice castral. Ce bâtiment de deux étages, possédant une cour fermée de hauts murs en façade avant sera en activité jusqu’à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Rachetée par des particuliers, la motte devient finalement la propriété de la ville de Saint-Omer en 2012. La motte castrale, son portail d’accès, l’ancienne prison et son portail sont inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 30 avril 2003.

Les données du diagnostic

La motte

La question s’est longtemps posée sur la nature anthropique ou non de la butte de la motte Sithieu. Les sondages permettent de répondre en partie : il existe bien une butte fossile de sable landénien préservée de l’érosion, qui domine la ville sur plus de 10 mètres. Ce microrelief a été partiellement artificialisé avec l’apport de remblai sur une hauteur supérieure à 1 mètre à certains endroits afin d’agrandir la plateforme.

L’édifice castral

Un angle et deux tronçons de maçonnerie massifs ont été dégagés au nord-est de la prison de 1762, à une dizaine de centimètres sous la terre végétale. Les murs, suivis sur près de 12 mètres de long, sont d’une largeur d’au moins 2,50 mètres. Leur construction a été soignée, avec l’emploi en parement extérieur de blocs de calcaire bien taillés et apprêtés au ciseau. L’espace intérieur, en grande partie localisé sous le bâtiment carcéral n’a pas été observé. L’édifice était très certainement de grande taille compte-tenu des dimensions de ses murs. Il correspond sur une estampe de Van der Meulen de 1677 et sur un plan de Belin de 1695, à l’angle nord-est d’un grand bâtiment en T. Plus précisément, cette partie de la construction orientée nord-ouest/sud-est est sans doute un bâtiment accolé au donjon primitif.

La construction de l’édifice castral mis au jour est difficile à dater en l’absence de mobilier. Elle est intervenue entre le Moyen Âge et le 16ième siècle. L’environnement autour de l’édifice peut être également en partie restitué. Devant ce dernier, au nord et à l’est, des fossés étaient sans doute présents. Après une phase de comblement, un mur de clôture ou
d’un bâtiment est construit contre l’édifice castral. Puis, un nouveau fossé est creusé devant sa façade orientale à une date inconnue, antérieure à 1762.

A l’est, les vestiges d’un bâtiment du bas Moyen Âge (daté des 14ième-15ième siècles) ont été repérés (sols en terre battue ou en craie damée et trace d’une sablière ou d’un solin). Une tombe a été creusée après sa destruction.

La courtine

Elle n’a été repérée que sur le côté sud de la motte uniquement. Il n’en subsiste qu’une dalle de fondation dont les dimensions ne sont pas connues. Elle a certainement été détruite lorsque la motte a été intégrée dans le système défensif du Bastion de la Sainte-Croix. La courtine a été écrêtée afin de constituer une dalle sur laquelle ont été assises des plateformes de tir d’artillerie rectangulaires (une des ces plateformes a été mise au jour).

La construction de la prison (milieu du 18ième siècle)

Au moment de la construction de l’édifice carcéral, le bâtiment castral était presque totalement détruit ; son emplacement était encore matérialisé sous la forme d’un relief, visible sur le plan en relief, de 1758. La prison est construite en grande partie sur les vestiges du bâtiment castral en réemployant peut-être partiellement ses fondations. Ailleurs, le terrain est aplani et nivelé avec des apports importants de remblai de démolition puis de terre végétale qui font disparaître l’ancienne plateforme de tir.

Les vestiges de la motte, des origines à la construction de la prison de 1762 sont donc dans un bon état de conservation et ont été peu perturbés par des destructions modernes. Ce diagnostic qui a été volontairement de faible ampleur, a permis toutefois d’apporter quelques éléments nouveaux à la connaissance du site.

Vue aérienne oblique.

Référence du rapport

WILLOT (JM.) dir., DELAGE (M.), MEURISSE-FORT (M.),

Saint-Omer, «Motte castrale», 1 place Sithieu

Rapport final d’Opération de diagnostic, édition Centre départemental d’archéologie du Pas-de-Calais, Dainville, 2013, 89 pages, 49 figures.