Archéologie - Pas-de-Calais le Département
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Saint-Omer, Terrain Fabio Lucci, Parcelle AZ 388, diagnostic, 2019

Dans le cadre de sa politique de réhabilitation du coeur de ville, la Communauté d’Agglomération du Pays de Saint-Omer projette de créer des logements et des commerces à l’emplacement de l’immeuble de commerce Fabio Lucci (parcelle AZ 388), situé rue du Comté de Luxembourg. Le Service régional de l’Archéologie des Hauts-de-France a prescrit un diagnostic qui a éré réalisé par la Direction de l’Archéologie du Pas-de-Calais en janvier 2019.

Les résultats

La topographie originelle du terrain

Le substrat a été observé au sud de la parcelle à une côte de 14,30 m NGF et dans un sondage au nord à 30 m de distance à la côte 13,70 m NGF soit une déclivité de 2 %. Cette dernière ne reflète pas la topographie générale très accidentée de l’environnement urbain, visible notamment rue de Calais (10 % de déclivité). La moitié sud-est de la parcelle conserve les traces d’un colluvionnement de limon épais de 0,50 m par endroit, avec parfois des galets de silex roulés qui signalent une dynamique d’érosion des sols et de dépôts de pente. Ce phénomène est interrompu dès que l’occupation se met en place. Au moment des premières constructions, cette pente naturelle au sud a été terrassée et nivelée.

Le lotissement du secteur et la nature de l’habitat.

Le lotissement du site s’opère au 13ième siècle et concerne sans doute tout le terrain. L’habitat se développe en front de la rue du Comte de Luxembourg avec des fosses à l’arrière, un schéma classique pour la période. Cela devait être le cas rue de Calais, mais ce secteur, détruit par les caves modernes, ne conserve plus aucun vestige de cette période. L’habitat est constitué à l’origine d’édifices construits sur des fondations légères (poteau, sablière ou solin) qui ont laissé peu de traces. La fouille des fosses ou des niveaux de remblais n’a pas livré de terre cuite architecturale ou à l’état de fragments. Les sols sont en terre battue, souvent régulièrement rehaussés. De simples foyers ont été aménagés sur ces derniers. Ces découvertes livrent l’image de maisons certainement dressées à l’origine en matériaux légers (pan de bois, torchis et bardage en bois). Nous manquons d’information pour la fin de l’époque médiévale mais il est vraisemblable que les constructions changent de nature. En effet, des niveaux de démolition qui précèdent les constructions de l’époque moderne attestent une phase de construction intermédiaire sur des fondations maçonnées à l’extrême fin de la période médiévale.

Les activités

A l’arrière des maisons, des fosses ont été creusées durant toute la période médiévale. Leur fonction est difficile à déterminer dans le cadre d’un diagnostic en dehors du fait qu’elles servent en dernier lieu de dépotoirs. Certaines qui possèdent des parois verticales et des fonds plats, sont sans doute des celliers de jardins.
La découverte d’une activité de boucherie datée de la fin de l’époque médiévale est d’un réel intérêt car elle peut être contextualisée grâce à une étude documentaire plus poussée. Cet artisanat est très présent dans le quartier. En retrouver des traces matérielles permettrait, dans le cadre d’une fouille et d’un échantillonnage plus poussé, de préciser les gestes pratiqués, d’appréhender son lien avec l’habitat et de connaître ses installations artisanales en dehors des fosses.

La période moderne

La période moderne est marquée par une transformation généralisée de l’habitat qui est assis sur des fondations plus massives et qui occupe une grande partie du site. L’arrière des parcelles est investi par les constructions aux dépends des jardins et des fosses. Les traces de l’activité de boucherie disparaissent également, signalant sans doute un déplacement de l’artisanat en dehors de l’espace domestique. Les caves en brique en front des deux rues appartiennent à ces édifices. Les maisons devaient être similaires à celles toujours en élévation dans la ville, construites en brique et en calcaire sur 2 à 3 niveaux et disposant de caves voûtées en berceau. La construction de l’immeuble commercial qui correspond également à un regroupement du parcellaire à la fin du 20ième siècle a détruit cette architecture sur l’ensemble du terrain.

Conclusion

Le site constitue l’occasion d’étudier sur une large surface l’urbanisation d’un quartier compris entre 2 pôles, le marché et ses halles échevinales au sud et le château comtal au nord. Le diagnostic a mis en évidence un lotissement du secteur qui commence au 13ième siècle. Les premiers résultats ont montré que l’habitat évolue entre le 13ième siècle et le 19ième siècle, devient plus complexe, voire se densifie jusqu’à l’époque moderne. L’artisanat de boucherie présent à la fin de la période médiévale constitue, compte tenu de son ampleur, une opportunité d’étudier dans le détail cette activité, d’établir des liens avec l’habitat et d’appréhender l’économie urbaine.

Vue vers le nord-est de la parcelle AZ 388.

Références du rapport

Willot (J.-M.) avec la contribution de Agostini (H.), Chombart (J.), Meurisse-Fort (M.)
Saint-Omer, Terrain Fabio Lucci, Parcelle AZ 388
Rapport final d’opération de diagnostic, édition Direction de l’Archéologie du Pas‑de‑Calais, Dainville, 2019, 129 pages, 66 figures.