La fouille programmée de la parcelle AB25, rue Saint-Jean à Thérouanne, conduite par la Direction de l’Archéologie du Pas-de-Calais du 20 juillet au 28 août 2015, n’a concerné qu’une partie de la parcelle vouée à la construction d’une habitation. Les sondages réalisés ont été limités en profondeur en raison de l’aménagement. Ce dernier a d’ailleurs été modifié afin de ne pas détruire les vestiges existants. L’opération est localisée en plein cœur de l’antique cité de Tervanna chef-lieu de la Cité des Morins, au sein de la Vieille Ville et le long de la rue Saint-Jean qui est l’axe principal de la ville médiévale, grand évêché. Cette rue mène directement de la porte sud de la ville à la cathédrale. La parcelle concernée se trouve à proximité de ladite cathédrale et du groupe épiscopal qui lui était associé. Même si la ville de Thérouanne fut raséepar Charles Quint en 1553, les vestiges du Moyen Âge n’en demeurent pas moins importants et bien
conservés en dehors de l’édifice religieux. De manière générale, ces derniers apparaissent directement sous la couche de terre végétale recouvrant les niveaux de destruction de la ville et, souvent, s’installent sur des
fondations et niveaux de l’époque romaine.
La fouille a livré des vestiges d’une probable construction publique du Haut-Empire ainsi que de nombreuses traces d’habitats successifs du Moyen Âge (et peut-être également d’artisanat ou de commerce) sous la forme de fondations plus ou moins puissantes prenant appui pour certaines sur le rempart du Bas-Empire mis au jour également lors de l’opération, associées à une succession de niveaux de sol et de destruction. Quatre à cinq phases différentes de constructions médiévales semblent se dessiner.
L’essentiel des constructions correspond à des habitations civiles, assurément dotées de caves, installées en front de rue et ce probablement dès le 11ième-12ième siècles. Plusieurs structures ont également été mises au jour
au centre et en fond de parcelle ; il s’agit là de celliers et de fosses dépotoirs illustrant les différentes phases d’occupation. Installées dans les remblais de comblement du fossé d’enceinte tardive de la ville romaine, les constructions ont, pour certaines, subi des dommages structurels en raison de la nature du substrat (fondations fissurées et affaissées).
La présence d’au moins 8 structures en creux, de type puits ou cuve, installées de part et d’autre du rempart romain et le long de celui-ci, reste pour l’heure sans explications claires. L’agencement et l’organisation topographique des vestiges de la parcelle AB25 ne sont pour l’instant pas lisibles. Il en va de même pour la caractérisation précise de la chronologie, les travaux de post-fouille n’étant qu’à leurs débuts. Les résultats de cette fouille programmée vont pouvoir bénéficier des travaux en cours menés dans le cadre d’un projet collectif de recherche (2015-2017, directeur Fr. Blary) ;
ils vont également agrémenter les données archéologiques sur la compréhension topographique de la ville antique et médiévale de Thérouanne qui, pour l’heure, demeurent lacunaires.
Référence du rapport
MERKENBREACK (V.), avec la collaboration de AGOSTINI (H.), DALMAU (L.), BLANC (A.), BLANC (P.), MEURISSE-FORT (M.), GÉLY (J.-P.), PICAVET (P.), et la contribution de GUIDI-RONTANI (G.), MANIEZ (J.), MORREALE (J.-R.), CHOMBART (J.) -
Thérouanne (Pas-de-Calais), rue Saint-Jean, parcelle AB25,
Rapport final d’opération de fouille programmée, édition Direction de l’Archéologie du Pas-de-Calais, Dainville, 2016, volume 1, 306 pages, 264 figures.