Pendant l'été 2020, la Direction de l’Archéologie du Pas-de-Calais a mené une opération d’archéologie préventive sur le site de la Râperie à Thérouanne, situé au 24 de la chaussée Brunehaut. Ce projet, préalable à la construction d’un magasin Carrefour sur une surface de 4500 m², fait suite à un diagnostic archéologique positif réalisé en mai 2019. La zone de Thérouanne, riche en découvertes archéologiques, s'inscrit dans une longue tradition d’occupation humaine, depuis la période romaine jusqu'à la Seconde Guerre mondiale.
Présentation de la fouille
Galerie photos
L'occupation romaine: artisanat et rituels funéraires
Les fours de potiers du Haut-Empire
Au cœur des découvertes, trois fours de potiers datant du Haut-Empire (deuxième moitié du 2ième siècle après J.-C. au début du 3ième siècle après J.-C.) illustrent une activité artisanale intense. Situés dans les suburbia de l'antique Thérouanne, ces structures témoignent d'une production principalement dédiée aux cruches. La mise au jour de ces fours, dont un est particulièrement bien conservé avec un laboratoire de cuisson de 1,50 m de diamètre, marque une première pour la région. Une fosse de décantation d'argile et un puits ont également été découverts, complétant ainsi la chaîne de production céramique, bien que le lieu précis de tournage des poteries reste inconnu.
La cohabitation des vivants et des morts
Outre l'aspect artisanal, le site révèle une dimension funéraire avec la découverte de plusieurs bûchers funéraires du Haut-Empire, une tombe à résidus de crémation entre deux fours de potiers, et deux inhumations du Bas-Empire. Ces découvertes attestent d'une occupation simultanée du site pour les activités artisanales, d’habitat, et funéraires, reflétant une pratique culturelle particulière de l’époque.
Du Moyen-Âge à la Seconde Guerre mondiale: transformations et destructions
Occupation médiévale et marquages de guerre
Après un hiatus dans l'occupation du site, une reprise au bas Moyen-Âge montre un changement d'utilisation avec l'installation d'un bâtiment domestique, doté d'un foyer et entouré de nombreuses fosses dépotoirs. Cependant, cette occupation cesse brutalement suite à une destruction, le site étant ensuite abandonné. Les dernières traces d'occupation humaine sont marquées par de grandes fosses liées au marnage, et par les cratères de bombes de la Seconde Guerre mondiale, témoignant de la violence des conflits sur le territoire.
Un renouvellement des connaissances sur Thérouanne
L'opération archéologique de Thérouanne ne se limite pas à une simple redécouverte de son passé. Les données recueillies, en particulier celles concernant la période romaine, permettent d'enrichir considérablement notre compréhension de l'histoire et de l'organisation spatiale de la ville à travers les siècles. Les artisans potiers, leur production, et la coexistence des espaces d'habitat et funéraires ouvrent de nouvelles perspectives de recherche sur la vie quotidienne et les pratiques culturelles de l'époque. Ainsi, ce site devient un élément clé dans le puzzle complexe de l'histoire de Thérouanne, promettant de futurs développements passionnants dans l'étude archéologique de la région.