La mairie d’Éperlecques envisage la construction d’un groupe scolaire rue de la Mairie sur une parcelle de 8855 m². Les travaux envisagés étant susceptibles, par leur nature, d’affecter le sous-sol archéologique, le Service régional de l’Archéologie a prescrit un diagnostic réalisé par la Direction de l’Archéologie en avril 2017.Le diagnostic a mis en évidence une grande densité de vestiges sur une faible surface (81 structures sur 1540 m² ouverts). La grande majorité de ces vestiges, des fossés, des fosses et des trous de poteaux, qui s’ouvrait dans un encaissant argilo-limoneux, était scellée par un niveau de colluvions présent sur la totalité de la parcelle. La fouille de ces structures a livré une faible quantité de mobilier céramique et lithique qui a été datée entre le Néolithique Moyen et l’âge du Bronze.
Durant ces périodes anciennes, les occupations s’organisent en habitat dit enclos ou ouvert auxquelles les découvertes du diagnostic peuvent se référer. Le plan d’un seul bâtiment circulaire de 5 à 6 m de diamètre (âge du Bronze) a été repéré parmi la trentaine de trous de poteau mis au jour, il est probable que d’autres constructions en bois, édifices ou palissades, soient conservées sur le site. La présence d’un fossé, large de 1 m, interroge pour les périodes pressenties de l’occupation. Aucun fossé de cette nature n’a été retrouvé sur des sites d’habitat du Néolithique ou de l’âge du Bronze dans la région. Il est toutefois à signaler les découvertes récentes dans l’ouest de la France (Normandie et Bretagne) et le sud de l’Angleterre, des fossés d’enclos ou parcellaires associés à des habitats datés du Bronze ancien au Bronze final (Marcigny 2012 et Marcigny à paraître). Le fossé mis au jour à Éperlecques serait alors le témoignage le plus septentrional en France d’un parcellaire de la protohistoire ancienne et de son habitat associé.
Sans minimiser les difficultés pour dater les vestiges mis au jour, les découvertes réalisées à Eperlecques correspondent très vraisemblablement à un habitat ouvert ou enclos daté du Néolithique ou plus probablement de l’âge du Bronze. La présence d’un fossé de type parcellaire de cette période constituerait alors une découverte inédite pour la région. L’emprise de la prescription doit concerner un secteur construit et densément occupé du site qui se développe probablement hors des limites de la parcelle.
Enfin, il est à signaler la découverte en limite d’emprise sud-ouest d’une fosse à incinération contenant un dépôt d’une patère en alliage cuivreux datée du premier siècle. L’association de la patère et d’une fosse de vidange de bûcher funéraire ne trouve pas de comparaison dans la région. Si la structure apparaît isolée, il
est toutefois probable que d’autres sépultures soient conservées dans un périmètre proche.
Référence du rapport
Jean Michel Willot (Dir.), Elisabeth Afonso-Lopes, Jérémie Chombart, Christelle Costeux, Déborah Delobel, Gabriel Guidi Rontani, Elodie Lecher, Emmanuelle Leroy Langelin, Isabelle Louiso
Eperlecques (Pas-de-Calais), rue de la mairie
Rapport final d’opération de diagnostic, édition Direction de l’Archéologie du Pas‑de‑Calais, Dainville, 2017, 108 pages, 61 figures.