Archéologie - Pas-de-Calais le Département
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Les haches polies néolithiques

Le néolithique marque un grand tournant dans la vie des hommes. De nomades vivant de chasse, de pêche et de cueillette, ils deviennent sédentaires et se mettent à cultiver et à élever des animaux. L'outil emblématique de la période néolithique est la hache polie. Elle permet de défricher les forêts pour obtenir plus d'espace.

 Âge de la "Pierre Nouvelle"

Au XIXe siècle, les Préhistoriens avaient adopté le terme de Néolithique - Âge de la "Pierre Nouvelle" - pour désigner la période du même nom. Elle correspond en effet à l’introduction du polissage de la pierre. Si la hache est l’outil emblématique du Néolithique, il n’est en réalité pas tout à fait nouveau puisque dans bien des endroits, les hommes du Paléolithique et du Mésolithique fabriquaient des haches en bois de cerf ou en pierre taillée. La réelle invention du Néolithique c’est le polissage de cet outil pour en renforcer la solidité, la longévité et aussi permettre un meilleur affûtage du tranchant. L’apparition des haches polies, qui sont de formes variées, a été mise par la plupart des auteurs en relation avec les débuts de l’agriculture.

Techniques de fabrications

1 - Collecte

En général, les gisements de silex se trouvent à quelques kilomètres du lieu de vie. La matière première est collectée au niveau d’affleurements de surface ou en profondeur dans des minières. En Pologne, en Belgique, dans le nord de la France et en Angleterre, sur plusieurs hectares, des centaines voire des milliers de puits ont été creusés dans la craie, avec des instruments rudimentaires. Ils peuvent avoir 20 mètres de profondeur et dessiner tout un réseau de galeries.

Sur le plan régional, les comparaisons sont limitées, mais les quelques sites localisés pourraient faire songer à un complexe minier, notamment en Scarpe-Sensée. L’extraction de silex a été signalée, avec plus ou moins de certitude à Fampoux, Étaples (les Sablins), Lumbres (la Montagne), Sailly-Labourse et Sailly-en-Ostrevent.

Le silex abonde en effet dans toutes les formations crayeuses et les argiles superficielles. L’exploitation s’organise alors, comme sur le site des "Sablins" d’Etaples où plusieurs centaines de mètres carrés montrent des emplacements de taille. Les rognons de silex étaient extraits de la basse terrasse de la Canche, grâce au creusement de fosses et de puits verticaux.

2 - Dégrossissage

Dégrossissage des blocs ou gros éclats de pierre à l’aide d’un percuteur en pierre.

3 - Mise en forme

Martelage des arêtes vives au percuteur tendre (bois de cervidé) pour aboutir à une ébauche plus ou moins régulière.

4 - Polissage

Pour abraser l’ébauche de hache sur un polissoir en grès, du sable et de l’eau sont régulièrement ajoutés. Le geste fait aller et venir l’ébauche sur le polissoir en lui appliquant une pression constante. D’après des expérimentations, la durée de polissage d’une hache standard d’une quinzaine de centimètres varie de 15 à 30 heures de travail suivant la nature de la roche polie et la qualité de finition de l’ébauche.

Les cuvettes du polissoir de Féchain correspondent au polissage de la face et les rainures à celui des arêtes des haches.

Multiplicité des haches

Le système d’emmanchement évolue, puisqu’il se fait d’abord de manière directe dans des manches en bois, puis de manière indirecte à la fin du IVe millénaire av. J.-C., par une gaine en bois de cerf, qui amortit les chocs et limite l’usure des manches. Elle influence la morphologie et la taille des haches, qui diminue et permet un gain de matière première et de temps de travail.
 
On trouve également de petites hachettes de 5 à 7 centimètres, quelquefois perforées. Leur petite taille en limite l’efficacité en tant qu’outil. Il s’agirait là d’objets de parure ou d’ornement, réalisés dans des matériaux rares, soulignant une fois de plus l’attachement des néolithiques à cet outil.

Apports de l’ethnologie

L’ethnologie propose des modèles dont l’un des intérêts notables pour l’archéologie est l’interprétation pour le domaine social. Les études menées par Pierre et Anne-Marie Pétrequin en Nouvelle-Guinée (province d’Irian Jaya, Indonésie) de 1984 à 1993 portent sur des peuples actuels qui fabriquent et utilisent des lames de pierre polie.

Leurs travaux permettent de mieux comprendre les enjeux socio-économiques de la hache polie néolithique :

  • dans les rapports qu’entretiennent des communautés agricoles avec la forêt (indicateur indirect de l’évolution du couvert végétal au Néolithique : hache standard en quantité pour une forêt primaire à déboiser, petites haches pour une forêt secondaire à entretenir)
  • dans le rôle de la hache pour marquer l’appartenance culturelle des groupes ou la division sexuelle du travail (c’est l’outil des hommes, ce que l’on retrouve en archéologie dans les tombes masculines, fait en matériaux à la provenance lointaine, ce qui dynamise les échanges)
  • dans les disparités économiques ou sociales entre les hommes (la longueur des lames affiche des hiérarchies dans les sociétés à forte croissance démographique, témoignant en contexte archéologique, de l’importance ou la richesse des individus)

Les haches de la collection Dom Boutry

Le saviez-vous ?

Pendant plus de trente ans, un dominicain du nom de Dom Boutry a sillonné la campagne autour de Saint-Omer. Ses prospections pédestres ont permis de découvrir de nombreux sites préhistoriques et néolithiques.

Les quelques haches présentées ci-dessous sont toutes issues de la collection Dom Boutry.

Acquin-Westbecourt

 

Bayenghem-les-Seninghem

Elnes, La comble

Hallines

 

 Helfaut

 

Lumbres

Wavrans-sur-l'aa

Fampoux, Étaples, Saint-Omer et environ