Le Conseil général du Pas-de-Calais a aménagé la route départementale 244 pour permettre un nouvel accès entre Guînes et Calais. Sur la base des prescriptions de l’État, une dizaine d’archéologues du Centre départemental d’Archéologie est intervenue d’août à octobre 2008 pour fouiller des vestiges présents sur une partie du futur tronçon.
Une nécropole antique le long d’une voie gallo-romaine
Bien avant la route départementale 244, une voie gallo-romaine, la Leulène, traversait Guînes pour relier Thérouanne à Sangatte.
C’est le long de cette route antique qu’une nécropole a été installée à la fin de l’époque gallo-romaine (IVe siècle).
Une dizaine de tombes a été retrouvée. Les corps placés dans un cercueil en bois étaient enterrés dans une grande fosse rectangulaire avec des poteries en offrande disposées au pied.
Le dépôt funéraire au pied du défunt
Le dépôt rituel de vaisselle en céramique est visible au fond contre la paroi du cercueil.
L'Antiquité est marquée par une croyance forte en la réincarnation des âmes ou en une vie céleste après la mort. Il n’est donc pas surprenant de découvrir de tels dépôts dans les tombes, témoignant du soin porté aux morts.
En effet, selon le statut et la richesse du défunt, des offrandes plus ou moins nombreuses et précieuses étaient déposées dans la tombe. Ces dépôts funéraires accompagnaient le défunt dans l’au-delà : vaisselle en céramique, en métal, outils ou armes, éléments de parure et de toilette, monnaies, statuettes, ou parfois petit mobilier (table, chaise). Il arrive aussi de trouver des traces d’offrandes alimentaires : porc, bœuf, mouton, volaille, pigeon, huile, vin, fruits, etc.
Le hameau médiéval
Ce n’est qu’à la fin du Moyen Age, en pleine période de Guerre de Cent Ans (autour du XIVe siècle), que les abords de l’ancienne route sont à nouveau occupés. Ils construisent leurs ateliers et leurs maisons d’habitation en bois, sur des fondations de rognons de silex.
Des puits, dont les cuvelages sont également en rognons de silex, servent à puiser l’eau nécessaire pour la réduction du minerai de fer et la forge des objets.
Les artisans métallurgistes
Lorsqu'une garnison anglaise s’installe durablement à Guînes, une communauté d’artisans métallurgistes s’établit le long de la voie.
Un couteau en fer au manche en os décoré d’incisions est peut-être l’œuvre d’un des forgerons.
Un voisin artisan potier
À côté des forges, un potier aménage son atelier et son four. La fouille du four a permis de retrouver une partie de sa production qui est très spécialisée.
Le four du potier présente une aire d’enfournement excavée au premier plan et une chambre de cuisson ovale des pots au second plan.
Le potier a fabriqué des grandes jattes, sans doute pour saler des denrées alimentaires, des moules à chandelles, des céramiques étroites et très hautes, ainsi que des couvre-feux en forme de demi-cloche qui servaient à couvrir les braises des cheminées.
Une partie de sa production a été retrouvée jusqu'à Coulogne.