Le Conseil départemental du Pas-de-Calais projette l’extension du golf départemental d’Olhain, situé sur le territoire de la commune de Fresnicourt-le-Dolmen. Suite à un diagnostic réalisé par la Direction de l’Archéologie du Pas-de-Calais en 2014, sous la direction de J. Maniez (Maniez 2014), deux secteurs ont donné lieu à une prescription de fouille (site 1 : occupation protohistorique et site 2 : occupation antique).
L’opération de fouille du site 1 s’est déroulée du 28 août au 19 septembre 2017. L’équipe, composée de 6 personnes, était menée par Emmanuelle Leroy-Langelin, archéologue départementale, spécialisée en Âges des métaux. La prescription s’étend sur une surface d’environ 17 000 m2.
La fouille du site 1 de Fresnicourt-le-Dolmen a révélé la présence d’une occupation à vocation domestique datée de La Tène ancienne. Les principaux vestiges découverts sont trois bâtiments de petit module, érigés sur 4 poteaux porteurs, un silo, deux structures de combustion et des fosses et poteaux dont la fonction est difficile à déterminer. L’occupation s’étend pour la majeure partie sur environ 1 hectare et quelques structures se situent un peu plus loin, vers le sud, le tout mettant en évidence une répartition des vestiges assez diffuse (image jointe). Aucun grand bâtiment n’a été repéré sur la zone, ce qui témoigne, soit d’une architecture distincte pour les grands édifices (construits sur radier de fondation, posé à même le sol et n’ayant pas laissé de trace au sol), soit d’une zone de l’habitat qui ne constitue pas le coeur du site mais plutôt un secteur fonctionnel spécifique.
La chronologie de l’occupation du site, fondée sur l’étude du matériel céramique et cinq datations radiocarbone converge vers le début du 4ième siècle avant notre ère. Les analyses isotopiques des fours montrent que leur contemporanéité est probable sur une période courte autour de 350 avant notre ère, à la transition entre La Tène B1 et La Tène B2. On pourrait envisager une occupation un peu plus étendue avec des structures qui sont utilisées l’une après l’autre, pour la même fonction. La céramique n’apporte guère plus de précision puisqu’elle permet des attributions qui couvrent La Tène ancienne, parfois jusqu’au début de La Tène moyenne.
Si la zone fouillée correspond à la partie d’un site d’habitat plus vaste dont le coeur même du site se trouverait hors de la zone prescrite, cette occupation peu dense pourrait alors correspondre à un secteur dédié au stockage aux abords d’un site d’habitat plus important qui se développerait vers le sud ou vers l’ouest, secteurs non inclus dans le diagnostic. Le site découvert n’est pas enclos, il s’agit d’un habitat en aire ouverte dans lequel on ne remarque pas d’alignement particulier entre les trois bâtiments observés.
Concernant les comparaisons régionales, la récente fouille de Dourges, sur l’extension de la plateforme multimodale, Lot 1 montre une occupation similaire réunissant une centaine de vestiges attribués à la phase de La Tène ancienne et s’étendant sur les zones C et A du site, sur près de 2 ha. Les structures sont similaires (bâtiments de petit module, silos, poteaux et fosses) et il s’agit là-aussi d’un habitat ouvert. Le site d’Étaples, Pièce à Liards, fouillé en 2004 a permis la mise en évidence d’environ 25 structures et l’occupation interprétée comme de l’habitat ouvert précède d’autres occupations encloses laténiennes. Malgré la faible densité du site, les vestiges sont très similaires à ceux découverts à Fresnicourt-le-Dolmen.
Cet ensemble de La Tène ancienne, fouillé dans le secteur de Lens et Béthune montre que les informations concernant ces habitats ouverts restent encore peu étudiées et publiées dans notre région. Il est donc assez difficile d’interpréter dans le détail l’organisation de ces habitats. La présente étude complète les données et met également en lumière des structures de combustion sur lit de pierres chauffées peu fréquemment rencontrées pour cette phase chronologique. Malgré une densité relativement peu élevée et la faible quantité de structures dont la fonction est clairement identifiée, il apparaît clairement que seule l’accumulation de ces données de terrain nous permettra de mieux comprendre les modèles d’installation et d’organisation de ces habitats de La Tène ancienne dans les Hauts-de-France.
Plan général phasé du site 1 de Fresnicourt-le-Dolmen, Golf d’Olhain.
Référence du rapport
LEROY-LANGELIN (E.), DEWITTE (O.), MEURISSE-FORT (M.), - Fresnicourt-le-Dolmen (Pasde-
Calais), Golf d’Olhain, Rapport final d’opération de fouilles, édition Direction de l’Archéologie du
Pas‑de‑Calais, Dainville, 2020, 151 pages, 53 figures.