Archéologie - Pas-de-Calais le Département
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Thérouanne, 46 rue Saint-Jean, AB25, Parcelle Dupuis, 2021, diagnostic

Le diagnostic archéologique de la parcelle AB 25, au 46 rue Saint-Jean à Thérouanne, conduit par la Direction de l’Archéologie du Pas-de-Calais du 20 au 24 septembre 2021, constitue la deuxième opération menée sur cette parcelle. En effet, une fouille programmée avait été menée en 2015 préalablement à la construction du pavillon, projet qui avait fait l'objet d'une modification au regard des vestiges mis au jour. L'intervention de 2021 a concerné une partie de l'emprise vouée à la construction d'un garage en fond de parcelle et de son chemin d'accès, soit 335 m², emprise qui n'avait pas fait l'objet d'observations archéologiques en 2015 en dehors d'un sondage. L’opération est localisée en plein coeur de l’antique cité de Tervanna chef-lieu de la Cité des Morins, et en plein coeur de la Vieille Ville médiévale et moderne, à quelques dizaines de mètres du groupe épiscopal. Pour rappel, en 2015, la découverte majeure et inédite réalisée au sein de la parcelle AB 25 fut la mise au jour de l'enceinte romaine tardive. Le diagnostic de 2021 a consisté en la réalisation de deux ouvertures : un décapage presque intégral de la surface du futur garage afin de caractériser la cote d'apparition des vestiges, et une tranchée au niveau du chemin d'accès de la construction envisagée. Ainsi, 97 m² ont été ouverts représentant 29 % de la surface.
La stratigraphie observée, d’une forte densité comme on le sait pour ce secteur de Thérouanne, s’échelonne de l’Antiquité à la période moderne. Les vestiges apparaissent directement sous la terre végétale en fond de parcelle et entre 30 et 40 cm sous le niveau de circulation juste en arrière de la maison, du fait d'un nivellement du surplus des terres lors de la construction du pavillon.
L'emprise du futur garage en fond de parcelle a révélé la présence de deux structures en creux et de cinq niveaux de remblais et de destruction. Les investigations n'ont pas été menées plus en avant sur ce secteur au regard du projet envisagé et en accord avec le Service régional de l'archéologie.
La tranchée réalisée à l'emplacement du chemin d'accès au garage s'est révélée riche en informations et nous a permis de compléter les données acquises en 2015 notamment en raison de la réouverture et du prolongement d'un sondage effectué alors. Ainsi, outre les habituels niveaux de remblais et de destruction de la ville du milieu du 16ième siècle, des vestiges de l'époque romaine à la période moderne ont été révélés.
Pour la période romaine, nous n'avons pu dégager l'enceinte romaine tardive du fait de la profondeur de celle-ci à l'emplacement du projet ; en revanche, nous avons ouvert le sondage de 2015 qui avait révélé un niveau de sol en béton de tuileau installé sur un épais niveau de terrasse en craie damée. Il apparaît que cette terrasse artificielle en craie damée mesure plus de 1 m d'épaisseur ce qui met en lumière le caractère monumental des bâtisseurs romains à Thérouanne. C'est dans une couche de démolition recouvrant ce sol que plus de 10 kg de marbre en plaquettes provenant de tout le bassin méditerranéen avaient été mis au jour. Le présent diagnostic a livré à nouveau du mobilier lapidaire de ce type destiné originellement à la réalisation d'opus sectile. Ces éléments ont été découverts non sur le sol en béton de tuileau que nous avions dégagé en 2015, mais dans le comblement de structures postérieures. Notons la présence exceptionnelle de porphyre rouge finement ouvragé qui avait déjà fait l'objet d'une étude par Annie et Philippe Blanc en 2015.
Pour le Moyen Âge, des vestiges des 14ième-15ième siècles ont été mis au jour dans la tranchée 200. Une partie de ces derniers avait déjà été caractérisée en 2015 ; en l’occurrence il s’agit de deux puits. Deux nouveaux puits viennent s’ajouter à ces derniers ce qui porte à 11 le nombre de puits découverts sur la parcelle. La présence de ces puits présents en grand nombre sur une emprise restreinte et pour une période chronologique homogène était la grande interrogation à l'issue de la fouille de 2015. Nous ne sommes guère plus avancés en 2021 et seules de nouvelles investigations avec une fouille de ces puits pourraient nous éclairer davantage sur l’organisation de ce secteur de Thérouanne.

Image d'illustration de la notice scientifique à Thérouanne rue Saint Jean
Référence du Rapport

Merkenbreack (V.),

Thérouanne, parcelle AB 25, 46 rue Saint-Jean,

Rapport final d’opération de diagnostic, édition Direction de l’Archéologie du Pas‑de‑Calais, Dainville, 2021, 106 pages, 46 figures.

Mots clés

Haut-Empire, Bas-Empire, Moyen Âge, époque moderne ; Hauts-de-France, Pas-de-Calais, Morins, Thérouanne, Tervanna ; topographie urbaine, édifice public, puits, fosse, sols, opus sectile, céramique, faune, marbre, lapidaire