Suite à un partenariat entre la ville d’Arras et le Département, un sarcophage en plomb a été confié à la Maison de l’Archéologie du Pas-de-Calais pour procéder à son ouverture, sa conservation et à l’étude du squelette. Le sarcophage en plomb, datant du Bas-Empire (4ième siècle après J.-C) a été mis au jour dans une nécropole antique (rue Georges Auphelle) par le Service Archéologique Municipal d’Arras en août 2020.
Sommaire
Une découverte majeure et rare
La découverte de ce sarcophage en plomb est d’autant plus intéressante que seuls trois ont été retrouvés à Arras depuis le 18ième siècle et qu’ils ont tous depuis disparu sans qu’un croquis ou une photographie n’aient pu être réalisés.
Crédit : CD62.
La fosse de la sépulture
Crédits : CD62/DA/O. Dewitte.
Lors de la découverte, la fosse de la sépulture dans laquelle se situait est rectangulaire à bords arrondis et fond plat. Les dimensions de la fosse sont : 2,20 m de long, 1,18 m de large et 1,75 m de profondeur. Sa structure sédimentaire est composée de limon argileux marron-gris et de blocs de calcaire, compact et hétérogène.
La présence de clous et de bois ferrugineux indique l’utilisation d’un coffrage en bois dans lequel reposait le sarcophage. L’usage ici d’un second contenant funéraire est destiné à la protection du sarcophage et met en perspective le caractère privilégié du défunt.
La numérisation en 3D de la fosse de la sépulture du sarcophage en plomb
Crédits : CD62/DA/O. Dewitte/L. Wilket
Caractéristiques du sarcophage :
Les dimensions actuelles du sarcophage sont de 2 m de long, 0,35 m de large et 0,23 m de hauteur. Les dimensions avant l’écrasement sont approximativement de 2 m de long, 0,40 m de large et 0,30 m de hauteur. La masse totale est estimée aux alentours de 400 kg. La composition du sarcophage est entièrement en plomb.
Crédits : CD62/DA/C. Costeux.
Les décors du sarcophage
Crédits : CD62/DA/C. Costeux.
Les faces externes (côtés et couvercle) sont ornées de perles allongées en forme d’olives séparées représentant des croix de saint André (image de gauche) et les chrismes (image de droite). Ces symboles paléochrétiens sont les premières représentations utilisées par les chrétiens. Les quatre côtés sont également ornés d’un bandeau de perles (image du bas).
L’ouverture et les analyses de sarcophage
L’ouverture du sarcophage et les analyses du défunt sont réalisées respectivement sous les expertises de Sandrine Janin-Reynaud (régisseuse-restauratrice) et Déborah Delobel (archéo-anthropologue) à la Maison de l’Archéologie du Pas-de-Calais.
Crédits : CD62/DA/S. Janin-Reynaud.
Le défunt dans le sarcophage
Le défunt est un homme mesurant entre 1,78 à 1,80 m, décédé entre 25 et 35 ans. Son état sanitaire montre des traces d’hémorragies au niveau des côtes droites et des caries dentaires. L’utilisation d’un sarcophage en plomb et d’un second coffrage en bois pour l’inhumation présente le défunt comme un privilégié. Aucune offrande et aucun vêtement n’ont été retrouvés à l’intérieur du sarcophage.
Le sarcophage ouvert (avant la fouille)
Crédits : CD62/DA.
Le sarcophage ouvert (après la fouille)
Crédits : CD62/DA/N. Majchrzak.
La numérisation en 3D du sarcophage en plomb du 4ième siècle
Crédits : CD62/DA/N. Majchrzak/L. Wilket
Contexte de découverte archéologique
Suite à un diagnostic archéologique concernant un projet d’extension d’un commerce, le Service Archéologique Municipal d’Arras a redécouvert la nécropole antique. 43 inhumations dont 10 ont fait l’objet d’une fouille. Ces défunts étaient inhumés dans des cercueils en bois cloués et un sarcophage en plomb.
La nécropole est localisée au-dehors de la cité antique de Nemetacum et elle est occupée pendant le Bas-Empire (4ième - 5ième siècle après J.-C).
Depuis les années 1920, les travaux d’aménagement de la rue Georges Auphelle à Arras mettent ponctuellement au jour des sépultures du Bas-Empire.
L’utilisation sépulcrale du secteur semble perdurer aux époques mérovingienne et carolingienne, bien que les inhumations se rapprochent progressivement de l’ancienne cité antique de Nemetacum et notamment autour de l’abbaye Saint-Vaast.