En plus des nombreuses découvertes sur le site préhistorique de Biache-Saint-Vaast qui permirent d’en apprendre plus sur le comportement de l’homme de Neandertal, l’étude des niveaux archéologiques a permis de mieux comprendre l’environnement et son évolution dans la vallée de la Scarpe.
Un environnement qui se transforme au fil des millénaires
La plus vieille occupation du site date de 240 000 ans. À cette époque, la Scarpe est constituée de chenaux entrecroisés qui s’étalent dans le fond de la vallée. Le paysage se compose de prairies arborées avec du pin, du bouleau, du noisetier, du chêne ou de l'aulne. C’est la période la plus tempérée de toute l’occupation néandertalienne à Biache-Saint-Vaast.
Reconstitution du paysage de Biache-Saint-Vaast vers -240 000 ans.
Crédit : G.Leroy.
Progressivement, le climat va se détériorer. Vers -220 000 ans, le pin et le bouleau dominent une forêt ouverte de type boréal qui se caractérise par un climat plus frais. La Scarpe n’est plus constituée que d’un seul chenal qui creuse la vallée. Elle va ensuite se décaler pour s’éloigner du site archéologique.
Reconstitution du paysage de Biache-Saint-Vaast vers -220 000 ans.
Crédit : G.Leroy
Vers -200 000 ans, le climat de plus en plus froid façonne un paysage qui tend à devenir steppique. Durant cette période, les hommes de Neandertal semblent avoir abandonné le site.
Reconstitution du paysage de Biache-Saint-Vaast vers -200 000 ans.
Crédit : G.Leroy
Alors que le climat s’améliore vers -190 000 ans, les hommes de Neandertal réinvestissent les bords de la Scarpe. Une forêt clairsemée, principalement composée de pins, domine le paysage.
Reconstitution du paysage de Biache-Saint-Vaast vers -190 000 ans.
Crédit : G.Leroy
Après cette dernière occupation, vers -160 000 ans, le climat se dégrade fortement pour devenir glaciaire. La végétation se fait très rare et le site archéologique est recouvert par des sables apportés par le vent. Durant cette phase, le Département du Pas-de-Calais semble complétement vidé de toute occupation humaine.
Reconstitution du paysage de Biache-Saint-Vaast vers -160 000 ans.
Crédit : G.Leroy
Coupe stratigraphique illustrée de manière humoristique.
Crédit : P.-Y. Videlier
Comment faire parler un site archéologique ?
Pouvoir retracer les différentes étapes d’occupation d’un site archéologique est un long travail de patience et de coopération. Pour pouvoir déterminer le climat et l’environnement de cette époque, de nombreuses disciplines scientifiques sont associées :
- La stratigraphie
La stratigraphie est l’étude des différentes couches de terre sous nos pieds. Les scientifiques étudient aussi bien leur contenu que l’ordre de leur succession avec un principe simple : Plus la couche est profonde, plus elle est ancienne.
- La micromorphologie
Cette méthode d’étude repose sur l’observation sur le terrain et en laboratoire des éléments composant une couche de terre. Grâce à des microscopes, les petites particules livrent les secrets de leurs origines et des conditions de leur mise en place. Cela contribue à la reconstitution détaillée de l’histoire de chaque niveau archéologique.
- La palynologie
Le pollen des plantes se conserve très longtemps dans le sol. Le palynologue prélève dans les couches de terres, puis les étudie. En reconnaissant chacun des pollens, il reconstitue le paysage végétal dans lequel vivent les hommes préhistoriques.
- La malacologie
Cette science étudie des animaux à coquilles : les mollusques. Ce sont des espèces très exigeantes en termes d’environnement, de température et d’humidité. Ainsi, l'identification de plusieurs espèces de mollusques dans une couche archéologique donne de précieuses informations sur le climat et le paysage de l’époque.
- Les méthodes de datations
Elles permettent de donner un âge aux différentes couches archéologiques : soit de manière relative par comparaison d’éléments présents dans la couche avec d’autres couches archéologiques présentant les mêmes similitudes, soit de manière directe par des analyses physico-chimiques qui donnent un âge précis ou intervalle de temps.
Tous ces éléments permettent de donner une image d’un paysage qui ne cesse de s’adapter aux modifications climatiques. Un environnement dans lequel les hommes de Neandertal s’adaptent et tirent le meilleur parti.
